DEMOCRATIE PARTICIPATIVE PROBLEMATIQUE
Tout le monde est désormais démocrate : mais la démocratie resterait : « le moins mauvais des régimes », une sorte de pis aller. Une telle conception rompt en fait avec l’idéal démocratique : la « vertu » selon Montesquieu ; le courage et la transparence selon H.Arendt,.
Celle ci a montré justement que toute théorie du politique reposait sur celle de la « condition humaine » : primauté de l’action sur la pensée fabricatrice, du citoyen sur l’expert
C'est une conception exigeante de la démocratie qui repose fondamentalement sur la confiance en la compétence politique de l'homme. Si les citoyens disposent des moyens et du temps pour délibérer, la communauté politique saura prendre les décisions démocratiques. Celles-ci ne sont pas tant l'expression d'une très théorique volonté générale indivisible, mais des solutions provisoires et contingentes aux problèmes de la cité. Elles ne suppriment pas les conflits et les points de vue contradictoires, mais respectent la pluralité des hommes et les valeurs de liberté et d'égalité. La confiance dans le politique suppose la confiance dans la société.
Cela ne signifie pas le refus de la représentation, mais le refus des pyramides représentatives dans lesquelles le sommet confisque toute la légitimité aux dépens des échelons inférieurs, comme dans l'Etat français mais aussi dans les partis, les syndicats et nombre d'associations. C'est le refus de la primauté de l'exécutif, de l'idée que certains professionnels, élites politiques, experts ou militants auraient la vérité.(cf. la question de la vérité dans le texte sur H.Arendt.)
Si la passion démocratique semble aujourd'hui faire défaut, ce n'est pas faute de volonté citoyenne mais faute de confiance dans les ressources citoyennes.
GESTION DE PROXIMITÉ ET DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE
Pourtant, à partir d’expériences diverses, émergent depuis une décennie des dispositifs participatifs si bien que la thématique de la participation est progressivement prégnante dans les politiques publiques. Ce mouvement peut s'observer simultanément dans des contextes très diversifiés et dans de nombreux pays..
Dans la majorité des cas, les problèmes sociaux sont exacerbés et une crise de légitimité profonde touche le système institutionnel. La pression de la mondialisation néolibérale et les processus d'unification continentale ont contribué à remettre en cause le rôle des États-nations et à reconfigurer les politiques publiques et les formes de régulation urbaine.
En Europe, celles-ci se renégocient entre décentralisation et intégration ; aux États-Unis, le retrait de l'État fédéral a fait reposer sur les villes la quasi-totalité des enjeux de développement et de gestion urbaine ; dans les pays du Sud, les marges de manœuvre des autorités locales sont rarement à la hauteur des défis sociaux et urbains de métropoles en pleine explosion démographique. Parallèlement, à l'échelle internationale, des mouvements sociaux luttant contre la mondialisation néolibérale se sont affirmés, souvent coordonnés en réseaux peu hiérarchiques, tandis que les ONG jouent un rôle croissant et qu'elles commencent à être associées au moins à la marge aux cercles de décision.
Partout, les modes traditionnels de gestion et d'administration sont remis en cause. Les processus de décision et les modes de gouvernement sont devenus plus complexes, impliquant la coopération de différentes institutions étatiques et des partenariats public/privé parfois.
Par exemple,, la gestion sociale et urbaine représente un véritable enjeu de recomposition et d'adaptation des politiques publiques .Face à la montée et à la cristallisation de la pauvreté urbaine dans nombre de métropoles, beaucoup d'expérimentations locales s'appuient sur des formes de participation citoyenne.
La crise de la représentation politique et des formes de gouvernement s’accompagnent d'une contestation du pouvoir scientifique et technique à partir duquel sont aussi légitimées les politiques publiques. Les grands défis écologiques, urbains ou de santé, qui deviennent prégnants à l'échelle locale comme à l'échelle de la planète, représentent de nouveaux enjeux pour les mouvements sociaux. Ils interrogent la capacité d'une société à délibérer démocratiquement de questions scientifiques et éthiques fondamentales et de ce fait interroge le statut même de la recherche scientifique. La valorisation des compétences « citoyennes » devient ainsi déterminante pour asseoir l'intervention des mouvements sociaux.
Plusieurs concepts sont employées pour tenter de décrire ces évolutions : gouvernance urbaine, gestion de proximité, nouveau management public, modernisation de la gestion locale, démocratie participative.
Ces références partagées renvoient cependant à un grand flou conceptuel parce que recouvrant des interprétations fort diverses.
Les notions de participation ou de proximité en sont de bons exemples. La première est utilisée à la fois dans le champ économique (pour désigner intégration au marché ou la participation aux bénéfices) et dans le champ politique (pour évoquer l'implication des citoyens dans le système politique ou administratif). Elle peut désigner des dispositifs allant de l'autogestion (ou de la gestion déléguée à des associations par les pouvoirs publics) à des procédures relevant pour l'essentiel de l'information.
La proximité peut avoir une dimension géographique et désigner l'échelle locale ou micro locale de la ville ou du quartier, mais aussi une dimension politico administrative en évoquant une communication et une écoute réciproque entre gouvernants et gouvernés. Ces deux sens sont fortement perceptibles dans les expressions « gestion de proximité » et « démocratie de proximité » Le contexte français se distingue particulièrement en les opposant souvent pour signifier le cantonnement de la participation sur la seule échelle micro locale et dans une dynamique purement consultative.
Paradoxalement ces ambiguïtés servent à la diffusion de ces notions: et permettent des rapprochements inédits : ainsi la rencontre suspecte dans les principes, d'approches aussi diverses que la critique autogestionnaire et les approches néolibérales, dans la dénonciation d'un appareil d'État trop bureaucratique et centralisé.
Mais des divergences fondamentales se font vite jour quant à la portée et au sens accordés aux démarches participatives : s'agit-il de remettre en cause la démocratie représentative ou de l'accompagner ? Recherche-t-on la justice sociale, la paix sociale ou l'intégration au marché?
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