photo M.ALLEGRET .MINISTERE DE LA CULTURE.
MOUNDANG TOTEMISME CLANIQUE
Les Moundang sont un peuple d'Afrique centrale vivant principalement au sud-ouest du Tchad , également à l'extrême Nord du Cameroun et dans une moindre mesure au nord-est du Nigéria . Le royaume moundang est un ancien État du centre de l'Afrique , localisé autour de la ville de LERE dans le sud-ouest du Tchad , près de la frontière avec le Cameroun. Ce royaume apparait au milieu du 18ème et couvrait un territoire d'environ 5 000 km2. Les souverains animistes moundang ont dû faire face aux assauts militaires des Peuhls musulmans puis à la colonisation Le royaume n'existe plus aujourd'hui en tant qu'entité politique indépendante, mais seulement comme une chefferie traditionnelle en relation avec les autorités administratives tchadiennes modernes.
La monarchie moundang est un pouvoir politique qui garantit l'ordre social, cosmique et symbolique à travers des rituels fondés sur le calendrier agricole. Leurs justifications trouvent leurs racines dans les mythes, les faits et les gestes de Damba le premier roi (Gõ ou Gong) moundang. Ce système de pensée attaché au concept de « royauté sacrée » a été étudié par l'anthropologue et ethnologue français Alfred Adler dans le dernier quart du 20ème.
Les Moundang ont en commun un système clanique (être Moundang c'est être de tel clan) et un système social-politique (être de tel clan c'est occuper telle fonction dans le système du pouvoir royal de Léré). Le totémisme qualifie le système clanique ; il combine avec l'exogamie un ensemble d'appellations variées (animales, végétales ou autres) auxquelles sont associées des attitudes déterminées par une forme d'interdit et un certain nombre de spécialisations correspondantes, purement rituelles ou techniques et rituelles.
Un clan est ainsi doté d'un nom, d'interdits liées au totem le plus souvent de masques servant à des cérémonies rituelles, de « devises « sortes de poèmes chantés ,.des rites funéraires liés au totémisme.
La division de la société en clans apparaît comme une manière de répartir les « travaux » affectés à des tâches spécialisées . Chaque clan détient donc en vertu de ses attributs totémiques une aptitude et un pouvoir particuliers (forger le fer, couper des arbres pour fabriquer une pirogue, chasser l'hippopotame et le lamantin, creuser les fondations d'une maison, faire les « médicaments » pour favoriser la croissance de telle variété de mil ou celle de l'arachide, etc.) ou une fonction particulière prenant place dans l'organisation rituelle générale dont le roi et le palais constituent le centre lors des cérémonies agraires fixées par le calendrier traditionnel.
Tout ceci repose sur l'animisme : si une vie humaine consiste à s'approprier (et à éviter de perdre) de la force ou puissance, ceci n'est possible que grâce au clan. Les éléments naturels, la matière (souvent conçue comme une substance vivante pour autant qu'elle est travaillée), un certain nombre de techniques et de pratiques rituelles n'ont d'usage légitime, et par conséquent, efficace que par le truchement d'un clan qui possède le secret de son origine. Le clan engendre, met au monde, disent les Moundang, la chose dont il est le propriétaire.
Alfred Adler prend ainsi l'exemple du mil, la nourriture par excellence. Il est pensé comme doté d'une substance vivante et qui doit être « animée » pour obtenir une bonne récolte d'où une triple intervention. Un grand rituel annuel, appelé précisément « l'âme du mil », où celle-ci est associée aux principes spirituels de la personne du roi de Léré qui est ainsi mis en mesure de conserver les semences pour la prochaine campagne, l'existence d'une variété de mil qui est la propriété (symbolique ) d'un clan, un rituel funéraire,enfin, mené par un autre clan dit justement « clan du mil « parce que renvoyant à l'origine de la culture et aux ancêtres. Le mil apparait ainsi comme une sorte de totem.
Autre exemple concernant un totem animal :
Le clan ban-suo, Serpent. Le python est considéré comme l'incarnation de l'un des principes vitaux (le ma zwe su, fluide véhiculant l'énergie qui maintient le corps en activité) du chef de village de Tézoko, localité qui était déjà celle des ancêtres de ce clan. Lors des funérailles de ce chef, des libations de bière de mil sont versées en l'honneur du python considéré comme son double : ce reptile est censé, tout au long de son règne, résider sous le grand grenier central de sa demeure et s'il fait une apparition dans la cour de l'enclos, on y lit le signe de la mort prochaine du maître des lieux. Il est frappant de constater que la devise de ce clan se contente d'une simple allusion au Serpent présenté comme la métaphore de la puissance du chef : on redoute d'en faire rencontre et si l'on apprend qu'il a quitté son séjour caché, on reste chez soi comme à l'heure du soleil brûlant de midi, qui est celle de tous les dangers. En revanche, la fonction de forgeron, qui est celle du clan du Serpent, est exaltée comme son attribut essentiel, son attribut noble. Elle seule possède aux yeux de ses membres une véritable valeur emblématique.
Le Totémisme Comme Symbolique D'un Contrôle De L'environnement.
LES SEREERS OU SERERE : MARGUERITE DUPIRE :
Les problématiques nées du terrain procèdent souvent d'observations banales. Rien ne me laissait entrevoir chez les Sereer matrilinéaires un totémisme quelconque jusqu'au jour où, assistant dans un village ndut aux funérailles d'un membre du matriclan lebtaan1, j'aperçus, accrochée aux branches d'un arbre, une brochette de viande de bœuf agitée par le vent. « A qui est-elle destinée ? », demandai-je. — Aux charognards, me répondit-on. — Pourquoi donc ? — Parce que les charognards sont les parents du matriclan lebtaan. »
Les Sérères (ou « Serer », « Sereer », « Serere », « Seereer », sont un peuple d'Afrique de l'Ouest, surtout présent au centre-ouest du Sénégal, du sud de la région de Dakar jusqu'à la frontière gambienne. Ils forment, en nombre, la troisième ethnie du Sénégal, après les Wolofs et les Peuls ; environ un Sénégalais sur six est d'origine sérère. Quelques groupes sérères sont également présents en Gambie et en Mauritanie.
Selon l'auteur, La religion traditionnelle des Sereer est aujourd'hui de plus en plus étouffée par l'islam et le catholicisme. Sous sa forme la plus récente, elle était dominée par le culte des ancêtres, fondateurs de lignages, de villages et d'habitations, qui sont les trois unités de base de la société. Les Ndut, en revanche, ont mieux conservé la hiérarchie des instances surnaturelles : grands ancêtres (yul), génies de la brousse (yepete), génies de la nature errants et dangereux dont certains seraient de puissants devins saltigi décédés (jiin), enfin Dieu-ciel (koope) qui, bien qu'anthropomorphisé, s'est éloigné des humains. Ces instances sont requises en suivant cet ordre hiérarchique dans les prières qui accompagnent les rituels collectifs
Les Ndut appellent « parents » les éléments de l'environnement avec lesquels leurs matriclans sont associés et ils les différencient des totems patronymiques liés à des interdits individuels imposés par les guérisseurs. Ces croyances restent encore vivaces, du moins aux funérailles où sont censés se manifester ces « parents », et également lorsque l'espèce totémique a besoin de protection,
Autrefois les YuucT possédaient un énorme troupeau. Il y eut une année de sécheresse et l'eau manqua dans les marigots et les puits. Un jour, un berger yuud dit à son père : « Père, depuis des mois et des mois les animaux n'ont pu être abreuvés, mais aujourd'hui je prierai le génie des eaux pour qu'il me donne de l'eau. — Mon fils, dit le père, si cela se réalise, nous serons les maîtres des eaux. » Le lendemain le berger conduisit le troupeau en brousse. Il pria le génie des eaux. Celui-ci exauça sa prière et fit sourdre un marigot. Après avoir abreuvé le troupeau, le berger revint dire à son père qu'il avait trouvé de l'eau. Depuis ce jour les Yuud devinrent les maîtres des eaux.
Le mode d'insertion de chaque clan dans son environnement se traduit donc par l'exercice d'un contrôle rituel sur certains éléments naturels qui devinrent des « totems » claniques. Le pouvoir sur les éléments cosmiques— mer, pluie, feu et soleil — qu'acquirent les premiers clans ayant emprunté une voie maritime revêt une importance majeure correspondant à leur antériorité d'installation. Les clans de la seconde vague exercèrent un contrôle sur les insectes et les oiseaux nuisibles à l'agriculture (termites, criquets pèlerins, mange- mil). Enfin, la relation qui unit les clans de la troisième vague aux charognards, alliés des bergers, et au vent violent ressemble plus à un marquage emblématique qu'à un rapport de maîtrise.
On peut se demander si ces derniers totems n'ont pas été introduits à une époque tardive pour parachever le schéma économique de la société ndut : aux premiers clans est associée la pêche maritime et fluviale, aux seconds l'agriculture céréalière, aux troisièmes l'élevage bovin .
les Sérère n'ont donc pas tenté d'ordonner les groupes sociaux en fonction d'une classification logique et systématique de la nature. Leur totémisme apparaît de prime abord fonctionnel, est liée à l'histoire de leur installation. L'opposition terre/eau caractérise deux types d'économies qui préexistaient au Tekrur d'où ils ont émigré, et cette bipartition est aussi un procédé d'ordonnancement des éléments de l'environnement — vent violent/vent léger, utile/nuisible — correspondant à l'opposition des groupes : premiers/autres, voie migratoire marine/ voie terrestre
Le totémisme et les masques.
Les masques avec des traits animaux ou un mélange de têtes d'animaux et de traits humains sont communs à travers le monde. Déjà il y a 35 000 ans, pendant la période du Paléolithique Supérieur, des figures humaines avec des têtes d'animaux ou des masques apparaissent sur les peintures des grottes. Souvent figures hybrides l'une de leurs caractéristiques prédominantes est leur indétermination entre le réel et l'imaginaire.
Le porteur se transforme, non pas en apparence mais en essence, en un autre être et est capable d'augmenter sa puissance M.Griaule écrit ainsi dans Masque Dogons.
« Le nyama est une énergie en instance, impersonnelle, inconsciente, répartie dans tous les hommes, animaux, végétaux, dans les êtres surnaturels, dans les choses, dans la nature, et qui tend à faire persévérer dans son être le support auquel elle est affectée temporairement (être mortel) ou éternellement (être immortel) : c'est ainsi que le ciel, les morts, les génies, les autels, le fumier, les arbres, la graine, la pierre, les bêtes, la couleur rouge, les hommes ont du nyama.
Les masques zoomorphes sont généralement totémiques, c'est-à-dire qu'ils incarnent l'animal qui, selon les mythes, a apporté dans les temps primordiaux une aide à l'ancêtre fondateur du lignage ou du clan.
Chez les Dogon, la taille du premier masque animal découle directement de cette nécessaire défense contre le nyama de l'animal. Avant l'apparition de la mort, le nyama des hommes était suffisamment fort pour n'avoir rien à redouter de celui des animaux qu'ils tuaient en vue de leur nourriture. Mais dès qu'ils cessèrent d'être immortels, les hommes devinrent susceptibles d'impureté ; leur nyama perdit de sa force et ne fut plus toujours capable de les défendre contre celui de leurs victimes. Ils se trouvèrent dans l'obligation de se protéger par diverses pratiques (autels de chasseur, masques, autels totémiques.
Un mythe d'origine d'un masque totémique
« Après la célébration du second Sigui(funérailles), un cultivateur qui procédait à la récolte de son champ avait disposé des épis sur un rocher. Un gomtogo(rhinocéros) s'étant approché en mangea plusieurs. Ce que voyant, l'homme le tua et, lui ayant coupé la tête, encastra le crâne dans son autel de chasseur. C'était jusque là un technique suffisante pour se mettre à l'abri des attaques du nyama de la victime. Mais il se trouva que ce dernier était extrêmement puissant ; tenu en échec par les nyama de l'autel et du chasseur, il n'en fut plus de même lorsque celui-ci mourut : le nyama de l'autel ne fut plus, seul, assez puissant pour maintenir la force dangereuse hors d'état de nuire. Celle-ci s'attaqua au fils du meurtrier qui tomba malade. Les devins, ayant été consultés, conclurent à la taille d'un masque de bois à l'image de l'animal pour permettre au nyama de retrouver une enveloppe apparemment vivante. La partie la plus importante à représenter était la tête, car lors de la mort physique c'est là que cette force se réfugie ; d'autre part, lorsqu'elle attaque un homme, c'est là encore qu'elle se fait sentir (…).
Un exemple à la fois d'imaginaire du masque et de rapport avec la nature. le tyi-wara ou ciwarra.( l'antilope du soleil) selon D.ZAHAN
Les ty-iwara sont les «masques» d'une des six sociétés d'initiation bambara, La société tyiwara se veut à la fois apparition théâtrale et «école d'enseignement des connaissances relatives aux fondements du travail agricole».
». «Gratter, fouiller, pénétrer le sol, c'est le propre du cultivateur qui en accomplissant ces activités est pareil aux animaux -fouisseurs». Etre bambara, c'est être cultivateur, c'est appartenir à la classe «noble» par opposition aux artisans, castes qui ne travaillent pas la terre et dépendent de ce que les cultivateurs leur donnent en échange du produit de leur métier.
.Les deux composés nominaux du composé lexical tyiwara signifient tyi .travail au sens particulier de travail astreignant et nécessaire), wara, animal griffu, soit toutes les bêtes sauvages pourvues de griffes qui lacèrent leurs victimes ou grattent la terre
Le travail de l'imaginaire est donc d'instaurer une métaphore entre le cultivateur et des animaux « griffus » : l'hyppotrague, l'oryctérope, le pangolin, et le serpent naja.qui entrent dans la composition des masques.
Ceux-ci ont plusieurs caractéristiques : d'une part la latéralité: les cimiers sont des représentations «de profil», pour certains en quasi- deux dimensions. 2) la répartition en trois types de cimiers. L'information donnée par les cimiers consiste à imprimer 'dans l'espace des cultivateurs le sens du travail nécessaire à l'égard des plantes nourricières. Les objets silhouettes transmettent ces messages par l'intermédiaire d'animaux plus facilement identifiables de profil : l'hippotrague et le pangolin. L'animal représenté est en relation avec un type précis de plante nourricière cultivée.
Aux plantes à enracinement faible, le cimier vertical (antilopes bien dessinées de la région de Ségou, San, Koutiala) :. Aux plantes à fort enracinement, le cimier vertical oryctérope et pangolin ; Aux légumes rampants et plantes à port couché, le heaume horizontal, type crypto- (ouest du pays bambara).
Le masque tyiwara commémore l'être mi-homme mi- animal né de l'union de la première femme, première créature sur terre, avec un serpent naja. Dès sa naissance, il «commença à cultiver, se servant à la fois de ses pieds griffus d'animal, d'un petit épieu de sa mère qu'il tenait à la main, et de sa tête, au cou dilaté, en forme de lame de houe, dont il labourait le sol, le fertilisant en même temps de son venin, comme l'avait fait le naja. Le masque tyiwara fut taillé à son image, après qu'il se fut enfoncé dans le sol outré par la profanation des céréales par les hommes. Les scarifications ti, qui masquent le visage des hommes «tatouages du griffu de la culture», sont à l'imitation des traits qui marquaient le visage de tyiwara. Elles sont en rapport avec la culture de la terre.
Il y a une «symbolique des trois sortes de heaumes en corrélation avec les plantes vivrières». La partie aérienne est tout aussi importante que la partie sous-terraine.
La conception philosophico-écologique bambara postule qu il y a, entre la plante et le sol, une affinité naturelle que l'homme ne doit pas modifier. «Chaque type de cimier reproduit, d'une manière symbolique, les plantes nourricières avec lesquelles il est mis en corrélation. Les deux parties, des végétaux, sont délimitées par un tracé idéal passant à la base de l'encolure de l'animal figurant dans la partie supérieure des objets. Ce tracé représente le niveau du sol arable». Le cimier est donc une image métaphorique de la plante et de ses racines.
«Les cornes sont pour l'animal ce que les pousses de végétaux sont à la terre». Sur le cimier, elles se réfèrent à la partie aérienne des plantes, à leur orientation horizontale ou verticale. Leur puissance évoque la vigueur de la tige. Il est, par cet aspect, associé au «petit mil» ou «mil du ciel» sâ-nyo. Le profil cou-tête du cimier se superpose au contour manche-lame de l'ancienne houe dressée verticalement ou celui du serpent naja au cou dilaté comme une lame de houe, cornes en moins ; ils «peuvent être des modèles archaïques du cimier mâle».
mais la richesse de sens ne s'arrête pas là. Il y a tout un imaginaire mythique autour de l'hyppotrague celle-ci se retrouve chez les peuples voisins : walu dogon, antilope-cimier kouroumba, probablement antilope heaume gourounsi. Mais elle figure aussi dans les fresques du Tassili et présente des caractères communs avec la nimba, autre image de fécondité, des Baga. Le symbolisme solaire de cet animal semble universel : «dans notre propre culture, le patron des chasseurs n'eut-il pas, selon la légende, la vision d'un cerf miraculeux portant une croix lumineuse entre ses cornes
L'hippotrague représente le soleil par maintes analogies : il est considéré comme l'animal le plus beau, sa fuite se fait en zig-zag, telle la «marche du soleil» (la spirale qu'il décrit projetée sur un plan.L'oryx est lié de façon complémentaire à la féminité et à la terre. Les deux cimiers mâle et femelle de la région de Ségou, expriment par leur danse synchronisée et leur inséparabi- lité «l'harmonie qui doit exister entre la terre et le soleil». Ils célèbrent l'avènement de l'agriculture grâce à la compréhension par l'homme de la relation entre la marche des saisons et de certains végétaux.
Conclusion
Le rejet radical de toute forme d'animisme ou de totémisme suite au structuralisme a été une erreur majeure de la pensée occidentale moderne.. Le problème n'est pas de savoir si l'animisme constitue une vision du monde satisfaisante ou non. Une question plus intéressante est d'en proposer aujourd'hui une version qui ait un sens pour nous. Ce qui est en jeu n'est donc pas de retourner à l'animisme comme essaient de le faire les hallucinés du New Age, mais de réinventer ce que peuvent être des formes d'animismes pour une époque comme la nôtre
Graham Harvey, montre que « Les animistes contemporains […] centrent la discussion autour de façons particulières d'être lié au monde », une attitude qui est « un défi aux discours qui divisent l'esprit et la chair, l'âme et le corps, le sujet et l'objet, la vie et la matière, le surnaturel et le naturel, la culture et la nature, les gens et l'environnement, la communauté et les ressources, etc. . À la fois dans ses formes autochtones et dans ses formes occidentales, l'animisme encourage les humains à voir le monde comme une communauté variée de personnes vivantes avec lesquelles on trouve différentes espèces de respect »
Dominique Lestel élargit comme R. Radcliffe-Brown ,PH. Descola ou Graham Harvey l'animisme premier à la question des collectifs. la question de l'anthropologie devient alors celle qui nous conduit à penser l'homme et l'animal ensemble, à penser une vie commune, une communauté des vivants. Comment donc penser la vie en commun des humains et des non-humains ? –c'est ce que montrent les textes ci-dessous. . L'humain doit plutôt être pensé comme une intelligence particulière qui joue un rôle dans des écosystèmes qui comptent de multiples autres types d'intelligences.
Loin d'être le seul agent intelligent dans le monde, l'humain doit au contraire constamment négocier avec beaucoup d'autres intelligences – des agents positifs, certes, mais aussi des agents négatifs –, et non seulement avec d'autres personnes, mais surtout avec des personnes autres. Comme l'écrit Graham Harvey : l'animisme nous apprend comment être une bonne personne en relation respectueuse avec d'autres personnes.. Il faut donc prendre au sérieux le point de vue selon lequel les communautés autochtones seraient vraiment ouvertes à des personnes autres qu'humaines »
L'auteur décline ce que pourrait nous apprendre les savoirs traditionnels.
photos masaïs Philippe Geslin
« Je vais prendre un exemple. Avez-vous déjà chassé le lion avec une sagaie, tel que les masaïs peuvent le faire au Kenya ? En adoptant cette pratique très particulière de chasse, vous serez amené à vous rapprocher très près du lion, à la différence de la chasse au fusil à lunette qui permet de tuer l'animal sans sueur, dans une distance toute "objective". Dans le cas de la chasse à la sagaie, si vous n'avez pas une connaissance éthologique approfondie du lion, vous allez au devant d'une mort probable. En d'autres termes, il y a un savoir sur l'animal qui est immense au sein de ces populations. Alors pourquoi donc la connaissance de ce savoir traditionnel, véritablement éthologique, ne s'est-il pas plus développé ? Pourquoi l'éthologie occidentale néglige-t-elle totalement ce savoir des professionnels de l'animal – ce savoir des chasseurs, des dresseurs, des éleveurs, qu'ils soient Masaïs, Nuer ou Français ?
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