Ah ! Merveilleux ! Les voici !
Les nuages-fleurs
Viennent ici !
Les nuages-fleurs
Merveilleux !
Les hopis descendent des Anasazis, ces indiens pueblos qui occupèrent un territoire immense jusqu’à la fin du 13ème siècle. Si les causes de la disparition ou plutôt de la dispersion des anasazis n'est pas précisément connue, on pense que des problèmes de sécheresse, des guerres avec d'autres tribus indiennes et des distensions claniques ont favorisé l'exode massif des habitants.
Ces indiens des hauts plateaux, nommés Hopi par des voyageurs espagnols, vécurent paisiblement jusqu'en 1629 où le conquérant espagnol tenta de les soumettre et de les évangéliser .les premiers arrivants européens furent des membres du clergé espagnol qui installèrent d’emblée une mission sur le territoire d’Oraibi. Alors, non seulement ils forcèrent les habitants hopis à construire cette mission, mais ils levèrent des impôts. Les tentatives de conversion de ceux que les prêtres considéraient comme des « idolâtres et sacrilèges » étaient assortis de vexations, de punitions et de coups. Les brutalités des missionnaires eurent un effet imprévu : en août 1680, tous les peuples de la région se liguèrent. Non seulement, ils chassèrent les prêtres mais ils démantelèrent pierre par pierre les églises qu’ils avaient été obligés de construire. La sécheresse de1854, puis les épidémies de variole en 1866/7, les guerres avec les autres tribus indiennes (les navajos, les Apaches) poussèrent les Hopis à se réfugier chez leurs voisins Zunis, avant de revenir sur leur terre. En 1882 fut créée la première réserve indienne, destinée officiellement à "protéger les autochtones des émigrants". Mais la scolarisation décrétée obligatoire pour les enfants hopis et des querelles entre tribus pour le partage des terres ne permit pas une vie paisible dans la région.
En 1943, une minuscule réserve hopi fut instituée, mais le conflit entre hopis et navajos dure toujours actuellement, les navajos refusant de céder des parcelles de terre.
Dans les années 70, les territoires hopis furent envahis par des "hippies" persuadés d'avoir trouvé en ce lieu leur eden. Ceci perturba la vie de la communauté hopi, et depuis, après avoir vu leurs lieux de culte profanés ou ridiculisés par la presse à sensation, les hopis décidèrent de fermer leur village aux étrangers lors des périodes de fêtes.
Tout au long de leur histoire, les Hopis ont du se battre pour éviter la banalisation de leur rite, la protection de leur religion et la survie de leur nation. Et même si les hopis vivent dans une grand pauvreté, si leur territoire bat des records de pollution (en raison de l'exploitation du sous-sol de Black Mésa, sans souci de l'environnement), les habitants s'accrochent à leur maison "en cubes" dans leurs étranges villages-pyramides. il est formellement interdit de filmer et de photographier les habitants, les cérémonies et les danses.
Dans chaque village, est édifiée une Kiva, un bâtiment à ciel ouvert, comportant une pièce souterraine. Lieu de culte lors des festivités, club masculin dans les périodes profanes, il ne reste plus aujourd'hui que 5 kivas sur tout le territoire hopi.
Société matrilinéaire, les femmes dominent le clan. La grand mère maternelle est un personnage de première importance : propriétaire de la terre, chef du clan et gardienne des fétiches sacrés, ses conseils et ses ordres sont respectés. Toutefois le domaine religieux est interdit aux femmes, hormis de rares cérémonies, tout comme l'accès à la Kivas. C'est l'oncle maternel qui est chargé de l'instruction religieuse des enfants et de la transmission orale des savoirs.
Les clans, regroupant les membres d'une même famille sur plusieurs générations, se regroupent au sein de coopérative, sans réelle fonction administrative ou religieuse. Les hopis sont assez réfractaires à toute forme d'organisation politique : pas de hiérachie administrative, en dépit des efforts du Conseil Tribal Hopi. Chaque village se gère de façon autonome. Le chef du hameau a pour fonction essentielle de veiller au bien-être des habitants et le Kaletaka (chef de guerre) joue un rôle de modérateur social.
L'organisation religieuse est en revanche particulièrement structurée et c'est elle qui permet la cohésion sociale.
Texte de M. mauss“ Mythologie et organisations des Indiens Pueblo (1910)
Une longue tradition, une haute culture, de multiples interférences ont abouti chez les
Zuñi, les Hopi, les Tehua, les Kerès, etc., à une sorte de systématique sociale, à un
remarquable effort en vue de coordonner toutes les institutions, économiques, politiques,
militaires, juridiques, religieuses. En même temps, un conservatisme surprenant
chez ces sociétés, qui sont les plus avancées de l'Amérique du Nord, leur a permis de
garder le souvenir de leur organisation la plus ancienne et de leurs croyances les plus
primitives : ils emploient encore, au moins pour des usages religieux le diable
(rhombe des Grecs) le boumerang, instruments qui correspondent aux premiers stades
religieux et techniques de l'humanité. D'un autre côté, de fréquentes émigrations ou
immigrations de groupes entiers combinées avec de remarquables facultés d'emprunt
font que de véritables institutions sont à chaque instant importées du dehors. Les
Hopi, les Zuñi ont des cérémonies navaho dont les unes sont célébrées en forme de
jeu, les autres sérieusement ; les Zuñi ont des confréries hopi ; même d'importants
rites viennent de populations qui ne sont pas pueblos. Certains des chants les plus
solennels à Zuñi sont en dialecte de Sia, ou même en une langue d'une famille tout a
fait différente. Des dieux, des clans étrangers, des confréries tout entières ont été
introduits à des époques plus ou moins récentes. Des pratiques qui se présentent dans
certains pueblos sous forme très simple ont fructifié ailleurs au point d'être méconnaissables.
On a ainsi besoin de rapprocher tout ce qu'on sait de chacun des clans, des
villages, de chacune des confréries, des tribus et des confédérations pour pouvoir
comprendre ce qui s'est passe.
La mythologie hopi se présente, en effet, tout autrement que celle des Zuñi. Zuñi ne contient plus qu'un seul pueblo ; de plus, le travail des prêtres et des confréries, poursuivi pendant deux siècles, a unifié en quelque sorte les faits ; -une tradition suffisamment uniforme a été établie. Clans et confréries organisés ont harmonisé leurs mythes, et en ont fait disparaître les contradictions les plus graves, Il n'en a pas été de même chez les Hopi, dans la région de Tusayan.
Là il y a encore cinq pueblos, -répartis sur trois plateaux, sur trois mesas. Si l'un d'eux, Oraibi, tend à devenir prédominant, ce n'est que depuis une date récente. Chaque pueblo, nous allions dire chaque ville, chaque clan dans chaque pueblo, se dispute cette sorte de prééminence religieuse à l'appui de laquelle vient le mythe qu'il raconte de lui-même. Les variantes locales des mythes et des rites des mêmes confréries et des mêmes clans, répandus dans les différents villages, présentent de notables divergences encore accrues par ce fait que phratries, clans et confréries ne sont pas également représentés dans les cinq pueblos. D'autre part, les Zuñi ne sont pas seulement concentrés et uniformisés : ils sont encore, autant qu'on peut en juger, établis, depuis fort longtemps, à la place qu'ils occupent, leur géographie mythologique a eu le temps de se fixer. Leurs lieux sacrés de pèlerinage sont nettement déterminés, chacun pour un but particulier. Les Hopi, au contraire, ont à peine terminé leurs principales migrations. Cette relative mobilité de la population, jointe au peu d'intimité qui règne entre les différents groupes en dépit d'une unité sociale incontestable, tout cela a contribué à empêcher la mythologie de s'organiser et de s'unifier comme à Zuñi.
. On peut assez aisément les classer. Les uns constituent une véritable cosmogonie, que nous pouvons comparer a celle des Zuñi. - Les autres nous retracent l'histoire des clans. Ils sont du type suivant : un clan se détache de la masse des Hopi après que ceux-ci sont sortis de dessous la terre, va dans telle direction, il a telles et telles aventures, rencontre d'autres clans, d'autres tribus, prend tel nom, se subdivise de telle manière, adopte tels et tels dieux, tels masques, tels cultes, s'organise en confréries, s'établit dans tels villages où il admet successivement soit comme hôtes, soit comme associés, tels autres clans, pourvus d'autres dieux, d'autres totems, d'autres confréries.
Le caractère historique de ces contes est trompeur, on dirait qu'ils retracent des événements réels, alors qu'un certain nombre de thèmes historiques ne font que
justifier des rites et des mythes. Ils reflètent toute une théorie religieuse ; car si un
clan vient du nord, ce n'est pas seulement parce qu'il en est venu effectivement, c'est
surtout parce qu'il devait en venir, étant donnée la nature de ses attributions et de ses
fonctions.
D'autres mythes rapportent les aventures de personnages déterminés, les
katcinas, ces dieux qui sont en même temps des héros et des ancêtres, génies des
individus et des clans, dont les danses, qu'elles soient individuelles ou collectives,
constituent un des traits les plus importants du rituel. Ces génies sont à chaque
moment du temps, personnifiés par des individus qui les réincarnent, qui en portent le
masque dans les cérémonies, et les mythes nous expliquent le rite, les chants que le
masque va répétant de temple en temple, de maison en maison, les courtes comédies
qu'il exécute sur les places publiques avec ses associés ; ils nous racontent aussi les
différentes incarnations du dieu
Il faut interroger « l’invention du monde » des indiens pueblos (Hopis, Zunis, Acoma, etc) pour comprendre pourquoi ces peuples ont décidé de vivre sur les terres si arides de l’Arizona et du Nouveau Mexique, qu’il faille parfois au cultivateur plus d’un jour de marche pour aller entretenir ses plantations. Un choix qui leur fut inspiré par les prophéties et les mythes, notamment le mythe de l’émergence : après avoir traversé plusieurs mondes, le peuple Hopi surgit des entrailles de la terre par le « Sisapuni », orifice qui est reproduit dans le sol de la « kiva ». Cette chambre cérémonielle est à la fois un lieu de culte, la maison de réunion des hommes et l’endroit où l’on serre les objets cultuels.
Tout commence par la création, suivi d’un exode hopi à travers des émergences succéssives dans des mondes antérieurs, jusqu’à la « terre promise du quatrième monde »
Auparavant disent les hopis, il n’y avait que Taiowa, le créateur : le reste était l’espace infini, ni commencement, ni temps ni vie. Pourtant l’infini conçut le finit : « J'ai endigué le bruit des vents, pour en faire une puissante musique », dit-il. J'ai produit la dynamique des forces de la création, comme un cheval de trait au travail. Dit- il. il me faut un aide pour mettre les choses en ordre
alors Taiowa, le Créateur, conçut Sotuknang et l'appela son neveu. Sotuknang dit : « Pour bâtir Tokpela, le premier monde, pour façonner ces courants, pour enchaîner les forces libérées par Taiowa, il me faut une compagne, une mère pour ce monde à venir. »
En vertu du pouvoir que lui accordait le Créateur, Sotuknang voulait un être, une force, une énergie, pour le seconder : un Esprit féminin. Ce fut Kokyang-Whuti, « Femme-Araignée. »
Ensemble, ils façonnèrent la masse chaude bouillonnante et fumante appelée la Terre.
« Dès lors », déclara Taiowa, « nous avons la Terre, nous avons les eaux pour la rafraîchir, mais personne pour admirer ses merveilles .ils créèrent alors deux jumeaux pour contribuer à la création des hommes : mais il leur fallait un chant pour cela : le Chant de la Création. Un chant que ne devront pas oublier les hommes s'ils veulent survivre ; un chant à conserver à l'intérieur de soi, de crainte de perdre la voie.
Pour crééer les hommes, Mère-Araignée choisit quatre couleurs de terre, jaune, rouge, blanche, et noire. Elle y mélangea du tuchvala, le liquide-de-sa-bouche, les modela et les couvrit de sa cape faite de la substance blanche qui est la sagesse créatrice elle-même. A nouveau elle chanta le Chant de la Création. Lorsqu'elle releva la cape, elle mit à jour quatre être humains, faits à l'image de Sbtuknang. Puis elle créa quatre autres êtres humains à son image. Ce furent les wùti, les partenaires femelles des quatres premiers hommes.
Mère-Araignée découvrit ces formes de vie au moment de la lumière violet-sombre, Qoyangnuptu, première phase de l'aube de la Création, prélude au mystère de la création de l'homme.
Rapidement ils se réveillèrent et commencèrent à bouger. Leur front restait humide et le sommet de leur tête mou. C'était au moment de la lumière jaune, Sikangnuqa, seconde phase de l'aube de la Création. Alors le souffle de vie pénétra l'homme.
Peu après le soleil s'éleva au-dessus de l'horizon, faisant disparaître l'humidité de leur front et durcissant la partie molle de leur tête. C'était au moment de la lumière rouge,
la troisième phase de l'aube de la Création. Alors l'homme dans sa forme achevée regarda avec fierté son Créateur.
« Voici le Soleil », dit Mère-Araignée. « Pour la première fois vous faites face à votre Père le Créateur. Souvenez-vous toujours de ces trois phases de votre création et commémorez-les. L'époque des trois lumières, violet-sombre, jaune, rouge, révèle tour à tour le mystère, le souffle de vie et la chaleur de l'amour, ceci selon le projet de vie du Créateur tel qu'il a été chanté au-dessus de vous dans le Chant de la Création :
La lumière violet-sombre s'élève au Nord.
Une lumière jaune surgit à l'Est.
Et alors nous, les fleurs de cette terre, arrivons
Pour recevoir une longue vie de joie.
Le nom que nous nous donnons est Vierges-Papillons.
Mâle et femelle, tous deux adressent leurs prières vers
l'Est,
Saluent respectueusement le Soleil notre Créateur.
Le son des cloches retentit dans l'air,
Diffusant sur la terre un son joyeux,
Et partout résonne leur écho de joie.
Humblement je demande à mon Père,
Le parfait, Taiowa, Notre Père,
Le parfait créateur de la vie magnifique
Révélé à nous par la lumière jaune,
De nous donner la parfaite lumière au moment de la
lumière rouge.
Le Parfait a tracé le plan parfait
Et nous a donné longue vie,
Créant le chant pour rendre la vie joyeuse.
Sur ce sentier de bonheur, nous, Vierges-Papillons,
Faisons selon son désir en accueillant notre Père Soleil.
Par le pouvoir de ce chant, les gens de toutes races et de toutes couleurs furent créés. Par le pouvoir de ce chant, les gens continueront à vivre, s'ils ne l'oublient pas dans leur cœur.(A SUIVRE)
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