TERMITIÈRE
Tout noyé de soleils, Zeus, aux balcons du ciel
Penché, voyant flotter le globe termitière,
Ecoutait, évadé de l‘ordre planétaire,
Le sourd bourdonnement à l'Etre essentiel.
Vers l'impassible dieu montaient et le latin
Du moine en sa cellule et l'argot de la fille,
Les pleurs de l'enfançon, au bois les hurlements
De l'animal chassé, les fracas de l'usine,
La plainte et les soupirs du primate en gésine,
Ceux aussi du plaisir, au combat des amants,
Le tonnerre des feux et le chant des cantiques,
Et le frémissement du vent sur les gramens ;
Mêlés, les "Oui", les "Non", les "Tue !", et les "Amens".
Et le monstre et le saint, de si haut identiques.
"Fugaces pucerons, grouillante moisissure,
Termites aveuglés, fourmis et vibrions,
Joyeux pitres mort-nés, sinistres histrions
, Sans remords alliant et prière et luxure,
Vos pas ont-ils un but ? Vous courez, mais vers quoi ?
Allez-vous quelque part ? Où s'adresse la quête ?
Si d'un courant vainqueur entraînant homme et bête
Le flux se précipite, où mène le convoi ?"
Silence en bas du monde où l'insecte éphémère
Sans rire se pavane en son futile orgueil,
Silence aux cieux éteints ou s'est refermé l'œil
Du dieu sur les vains bruits, le vide et la chimère...
theodore monod
BON NOEL ET BONNE ANNEE 2008 A TOUTES ET A TOUS.
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