Le centre culturel de l’abbaye de Daoulas (29) présente tous les ans de remarquables expositions. Celle de 2011 est consacrée à Victor Segalen Et L’exotisme.
http://www.cdp29.fr/daoulas-lesactualitesexpositionavenir.html
Présentation de l’exposition :
« Dans un monde qui tend à uniformiser et à gommer les distances, les temps et les lieux, la question de la diversité est au cœur du projet culturel de l'Établissement public de coopération culturelle Chemins du patrimoine en Finistère. Cette question s'envisage dans le contexte de la Bretagne, d'une culture qui a su préserver ses traditions sans se départir d'une ouverture au monde et à la modernité. L'enjeu de ce projet réside dans ce double mouvement : le maintien d'un espace et d'un temps en prise avec l'ici sans oublier l'ailleurs, le proche sans oublier le lointain. La (re)connaissance des cultures est une condition de cette diversité.
Le projet ainsi défini donne un cadre aux expositions de l'Abbaye de Daoulas en même temps qu'il spécifie et oriente la « rencontre » des cultures autour du rapport à la fois banal et complexe entre le Même et l'Autre et la façon toute aussi complexe dont il peut être envisagé dans sa restitution aux publics.
En 2011, l'exposition « Rencontres en Polynésie, Victor Segalen et l'exotisme » aborde la rencontre avec l'Autre par le biais du premier grand voyage que fit l'écrivain breton en 1903-1904 en Polynésie.
Le Breton débarque aux îles Marquises en 1903, il a vingt-cinq ans, et y découvre une culture pour laquelle il se passionne. Au contact de ses habitants, il élabore peu à peu une nouvelle conception de l'exotisme, qui trouve parallèlement sa source dans l'art de Paul Gauguin, profondément admiré par Segalen. Revêtant le costume de l'ethnologue, il écrit un roman publié en 1907, Les Immémoriaux, par lequel il tente de raviver les anciennes traditions polynésiennes qui sont, selon lui, sur le point de disparaître. À travers ce texte, Segalen donne la parole aux « naturels » eux-mêmes, qui témoignent dans le passé comme dans le présent des échanges et des relations qui se sont noués entre les indigènes et les « hommes à la peau blême ».
L'exposition met l'accent sur la période polynésienne de la vie de Segalen, avant ses grands voyages en Chine. Elle présente des œuvres et des objets européens, en dialogue avec des pièces venues de Polynésie, jouant la carte du « mélange d'exotismes
La Bretagne quant à elle apparaît comme le seuil de la découverte de lointains mystérieux, comme une première étape vers un retour aux origines, mythe très prégnant dans l'histoire de la pensée européenne dont Segalen ne se départit pas. Mais le désir de voyage et de confrontation avec le Divers naît aussi à cette époque d'un ensemble de phénomènes culturels et sociaux importants : la littérature et les arts orientalistes, les Expositions universelles, le développement de la philologie et de l'anthropologie. »
J’ai consacré ici une série d’études centrées sur l’œuvre polynésienne de Victor Segalen et en particulier les Immémoriaux sous le titre La Quête Impossible ? A La Recherche Des Mots Perdus
Pour les consulter cliquer sur la catégorie Victor Segalen.
Des videos exposant vie et oeuvres:
http://www.dailymotion.com/video/xfdubm_victor-segalen-partie-1_creation
http://www.dailymotion.com/video/xffp8p_victor-segalen-partie-2_creation
http://www.dailymotion.com/video/xfgjsi_victor-segalen-partie-3_creation
J’ajoute quelques éléments biographiques:
« Seigneur innommable du monde, donne-moi l’Autre ! - Le Div... non, le Divers. Car le Divin n’est qu’un jeu d’homme. »
« Voir le monde et l'ayant vu, dire sa vision. Je l'ai vu sous sa diversité.
Cette diversité j'en ai voulu, à mon tour, faire sentir la saveur.
Breton d'origine, médecin de marine devenu archéologue,( Il n'aime pas la mer, ni naviguer mais débarquer et découvrir). Victor Segalen (1878-1919) est un aventurier dans l'âme. Il aura été surtout un écrivain dont l'œuvre, mêle poésie et ethnographie et est presque totalement consacrée à l'Océanie et à la Chine .Ses voyages vers la Polynésie et aux confins de l'Asie, ses amitiés et ses rencontres fortuites, concourent à façonner cette expérience.
Dans l’esprit de Segalen, le voyage est la mise à l’épreuve, sur le terrain, de ses idées concernant le rapport entre le réel, la perception des phénomènes immédiats et l’imaginaire, les constructions de l’esprit. Sans la charge du réel, l’imaginaire s’étiole, devient fantaisie creuse ; sans la puissance imaginative, le réel s’épaissit, s’affadit.il va ainsi forger une esthétique du « divers » où il se révèle amoureux de toutes les formes du sensible, de toutes les richesses du réel.Il inventera pour désigner le voyageur idéal "éternellement étranger et inlassablement xénophile", le terme EXOTE. Influencée par Rimbaud, Mallarmé, l’ œuvre de Segalen, écrite en quinze années, au cours des voyages qu’il effectua pour se trouver lui-même, est abondante et ambitieuse, composée essentiellement à travers la culture de l’AUTRE, à l’articulation de deux mondes, l’étranger et le familier. En 1903, il arrive en mission à Tahiti. Il y découvre les restes de la culture maorie décimée par la présence européenne. Il s’insurge contre ce massacre, comprend en profondeur le drame d’une ethnie que l’on prive de ses mythes, de sa langue. A la faveur d’une escale aux Marquises, il consulte les derniers carnets et croquis de Gauguin, mort trois mois auparavant. De ce séjour en Polynésie, il écrira un roman, LES IMMEMORIAUX, publié en 1907 sous le nom de Max Anély ,le récit des derniers moments de la civilisation maorie, contaminée, perdue par les missionnaires et les colonisateurs .Il rapporte aussi un journal et des essais sur Gauguin et Rimbaud qui ne seront publiés qu'en 1978.
En 1908, il part en Chine où il soigne les victimes de l'épidémie de peste de Mandchourie et décide en 1910 de s’y installer avec sa femme et son fils. Il va ainsi entreprendre en 1914 une mission archéologique consacrée aux monuments funéraires de la dynastie des HAN. C’est de ses voyages en Chine qu’il rapporte ses oeuvres majeures (voir bibliographie), fasciné par cet immense espace, ses profondeurs, par l’image du Fils du Ciel, l’Empereur, l’homme écartelé entre le présent et le passé, soi-même et l’autre, la terre et le ciel, l’imaginaire et le réel. Une étude sur les sculptures chinoises ne sera publiée qu'en 1972 (Grande Statuaire chinois). En Chine, il rencontre un des rares Européens qui s'y trouvaient alors, et qui le marque beaucoup, le sinologue belge Charles Michel qui lui inspire le personnage de RENE LEYS,son grand roman.
Il meurt de façon mystérieuse ,le 21 mai 1919 dans la forêt du Huelgoat un exemplaire d’ Hamlet à la main..
Les Cliniciens ès Lettres, Fata Morgana, 1980.
Les Immémoriaux, Plon, 1956 (réédité en 1983).
Briques et Tuiles, Fata Morgana, 1975
Le Fils du Ciel, Flammarion, 1975.
Stèles, Poésie/Gallimard NRF, poche, 1973 (réédité en 1995), avec une préface de Pierre-Jean Rémy et une chronologie d'Annie Joly-Segalen.
Stèles, Mercure de France, 1982, édition critique, commentée et augmentée, établie par Henry Bouillier.
Stèles, Éditions Chatelain-Julien, 1995. Fac-similé de l'« édition coréenne » de 1914.
René Leys, Gallimard « L'Imaginaire », 1971.
Odes suivies de Thibet, Mercure de France, 1963.
Peintures, Gallimard, 1983.
Imaginaires, Rougerie, 1972.
Equipée, Gallimard « L'Imaginaire », 1983.
Thibet, texte intégral établi, présenté et annoté par Michael Taylor, Mercure de France, 1979.
Chine, La Grande Statutaire, Flammarion, 1972.
Œuvres complètes, Robert Lafont « Bouquins », 1995.
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