L'intégration politique et idéologique se doubla d'une intégration économique originale :Aux premiers temps de la constitution du royaume Menabe, l'intégration progressive des différentes communautés autochtones dans l'identité sakalava s'effectua soit dans le respect de leurs choix écologiques originels, soit dans la ligne de leur spécialisation productive : chasse, pêche, cueillette, laquelle conditionnait dès lors leur affectation écologique. Ainsi, chaque groupe occupait «une place déterminée dans la nouvelle économie dominée par le boeuf et les pâturages » (id.),
L'histoire connut d'autres vagues de migration jusque sous la colonisation , mais l'intégration des étrangers, se déroula et se déroule encore selon cette logique récurrente qui veut que l'individu prenne place dans la société en s'installant dans un environnement écologique identique à celui qu'il a quitté et en reprenant les activités économiques qui sont les siennes par tradition. Les populations venues des pays masikoro et antandroy ont été attirées par les vastes pâturages à l'époque où l'élevage du zébu était l'activité prédominante ; les Betsileo sont venus du plateau central pour aménager les terres à l'époque où le Menabe était sous occupation merina; et bien plus tard plus tard, les populations de la côte est, spécialistes de la riziculture irriguée, ont été attirées en Menabe par les mesures de réformes agraires imposées par I 'administration coloniale.
Si aujourd'hui encore, les gens interrogés s'affirment « vrais Sakalava », il ajoutent Vezo « gens de la mer » ou masikoro (éleveurs) termes qui renvoient bien à des groupes ethniques « étrangers », mais signifient ici non une appartenance à ces groupes mais bien leur existence dans un milieu écologique donné.
Plus qu'une unité centralisée et militaire, le Menabe est donc en fait un tressage de réseaux politiques, économiques, religieux
« Tressage de réseaux politiques, économiques, religieux, le Menabe n'existe réellement dans l'Ouest malgache que parce que, en dessous de la trame pastorale et nomade, des unités de cultivateurs sédentaires le plus souvent immigrés, certes, s'ancrent sur de multiples terroirs de cultures qui parsèment la prairie. C'est ce qui empêchera les royaumes sakalava de se dissoudre avec le temps mais qui, au contraire, leur permettra de migrer et de s'étendre du sud au nord jusqu'à ce qu'ils se heurtent à l'est, au contact des plateaux, à la conception merina du territoire quadrillé par des garnisons militaro-administratives toujours plus nombreuses. Ce cantonnement des populations était la manière, attribuée par les récits de la tradition au-dit grand roi, de mobiliser, d'une part, les paysans dans son « pré carré » fournisseur de vivres (le riz) et, d'autre part, de reculer la frontière sakalava grâce à un épais réseau de colonies de soldats-paysans. Mais ce « pré carré » ambaniandro est lui-même réseaux : réseau politique de relations entre le souverain, ses parents, et le peuple, structurés, ordonnés, mis chacun à son rang au profit de la monarchie ; réseaux familiaux à la base, articulant à partir d'une terre des ancêtres symbolisée par un tombeau des morts, les maisonnées des vivants ancrées sur un terroir nourricier traditionnel, ou un emploi moderne à la ville, cette articulation permettant, en dépit des contraintes migratoires, de maintenir le lien essentiel, au moins chez les Ambaniandro, entre les vivants et les morts. Autant que du réel, une société de l'imaginaire ». .CHRISTIAN MEROT
Comme dit plus haut , le tissage du territoire sakalava, politique et économique faisait intervenir d'autres éléments qui lui donnaient cohérence, cohésion et solidité ; ces éléments étaient métaphysiques et religieux (l'idée de destin et l'astrologie VINTA, les ancêtres et la mort, le Tromba et la divination).ils structuraient à la fois le global, l'espace politique, et le local, le village, voire l'habitat(des vivants et des morts).
« Les Sakalava ont une conception bien particulière de l'univers, qu'ils partagent avec d'autres sociétés de Madagascar. Ils distinguent ainsi le monde supérieur des ancêtres où siège le Dieu-Zanahary, créateur de l'univers et père des points cardinaux, et le monde d'ici-bas où vivent ou plutôt cohabitent les hommes et les génies de la nature. Selon eux, le monde des vivants est une projection du monde supérieur et se construit par un continuel empiétement sur le domaine des génies. Cette vision tertiaire de l'univers ne signifie pas pour autant qu'il y ait un cloisonnement entre ces trois domaines. Les trois mondes n'en forment en réalité qu'un seul et sont pour ainsi dire les trois facettes de l'existence humaine. La possession, la maladie, le rêve sont des manifestations de la présence des ancêtres et des génies dans le monde des hommes, interventions qui rendent visible l'invisible et nourrissent l'imaginaire qui produit alors une géographie onirique de l'univers. Les rituels (demandes de bénédiction, incantations ou pratiques magico-religieuses) sont d'autres vecteurs de communication qui permettent aux hommes de dialoguer avec la surnature et l'instance supérieure. Mais il existe également des lieux qui comme des portes ouvrent l'accès entre les mondes. »A l'ouest de Madagascar: les Sakalava du Menabe .Sophie Goedefroit. Karthala.
Une de ses portes est bien l'astrologie qui organise le temps et l'espace et entraine les pratiques divinatoires. Héritière, d'apports indonésiens et arabo-persans, l'astrologie malgache est un mode de classification de l'ensemble des éléments du monde naturel (la faune, la flore), du monde physique et géologique. Ce savoir reste ésotérique et réservé aux seuls initiés mais il a un impact important dans la vie des sociétés de l'île. Il gouverne la destinée des individus, permet tous les présages et régit les comportements sociaux
Les Sakalava utilisent deux calendriers. Le premier, d'un usage courant, agricole est divisé en douze mois lunaires de vingt-huit ou vingt-neuf jours. Les noms de mois sont d'origine indonésienne et sanskrites Le second calendrier, astrologique, fondé sur le mouvement soleil, se superpose au premier et nourrit l'idée de « destin » particulier à chaque mois. Il y a ainsi douze destins qui correspondent au zodiaque arabe. L'astrologie va alors selon les destins rythmer les changements de la nature et les activités agricoles.
Pour donner quelques exemples : le mois d'aout ouvre l'année lunaire et se nomme « été parfumé » le devinOmbiasy va observer la nature et la fréquence des orages de cette période et y voir éventuellement de mauvais présages catastrophe naturelle, épidémie, sécheresse, inondation. En fonction des activités agricoles, le calendrier entraine des interdits et fixe les moments cérémoniels ; ainsi le mois de novembre est réservé aux seuls rituels royaux et exclut de fait toute circoncision, toute cérémonie familiale mais aussi la construction d'une maison ou d'un tombeau. Les rituels politiques de la royauté obéissaient à ce calendrier. Cette structuration du temps selon les cycles de la lune et du soleil, et les douze destins astrologiques s'étend à la semaine et à la journée qui comportent ses lots de prescriptions et d'interdits.
Dans le cycle lunaire de vingt-huit jours se succèdent aussi tous les deux ou trois jours des « destins». Le devin connaît ce cycle qui est matérialisé par les directions de la maison ou par des figures peintes sur une planche. Les malgaches ont une semaine de sept jours : la nouvelle lune, le jour de la semaine où elle paraît détermine l'accord du jour et du destin. Tel destin favorable un lundi et un mardi sera fort s'il arrive mercredi ou jeudi. Si un enfant naît sous un destin fort on pense qu'il dominera son père, ses aînés. Le destin fort est donc dangereux. Avant d'admettre l'enfant dans sa famille, le magicien va déterminer le destin et le conjurer s'il y a lieu. Si un enfant naît sous un destin qui le voue à être incendiaire. le devin-guerisseur le fait passer, après un sacrifice, dans une hutte de branchages, qu'il enflamme par la suite ; le mauvais sort est conjuré symboliquement.
« Les principes de l'astrologie se perpétuent à travers tout acte, tout accomplissement : on les retrouve dans les rituels qui scandent la vie d'un être humain et qui sont destinés, au fur et à mesure de sa maturation, à préciser sa place dans la société et, par là, dans le monde. On les retrouve dans la conception architecturale de la maison, du village, du parc à bœufs, du tombeau, du cimetière et dans chaque mise en scène des rapports sociaux, qu'ils soient cérémoniels ou quotidiens. Ces principes très profondément ancrés dans les consciences et les imaginaires influent également sur les conceptions concernant toute forme de hiérarchie. Ce découpage du temps accompagne le mûrissement et le déclin de tout être, confère l'autorité à l'ancien et impose ce décalage presque insensible entre les vivants et les ancêtres. Les rapports familiaux qui se jouent entre aînés et cadets, au sein d'une même génération comme entre générations différentes, de même que les rapports entre la branche aînée et les branches cadettes d'un lignage, et, par-dessus tout, les hiérarchies politiques qui distinguent le souverain, représentant de dieu et son lignage des autres., obéissent à des codes de comportement influencés par l'astrologie. A l'ouest de Madagascar: les Sakalava du Menabe .Sophie Goedefroit. Karthala.
Aux douze destins fondamentaux s'associent les quatre éléments, feu, terre, vent, eau et chacun correspond à une couleur, blanc, rouge, noir, jaune et à un point cardinal, est, ouest, nord, sud ; chacun possède enfin un caractère propre, puissant ou faible.
Cette vision aboutit ainsi à une cardinalisation de l'espace plan qui s'applique aussi bien aux systèmes de représentation qu'aux modes d'agencement et d'organisation des lieux. Son importance est telle que l'on ne peut imaginer comprendre la manière dont les Sakalava construisent leur territoire, sans en avoir préalablement saisi les fondements. Le monde des ancêtres, qui est une image en miroir du monde des vivants, est lui aussi entièrement bâti par référence aux points cardinaux. La cardinalisation de l'espace plan est, en fait, une des applications des connaissances astrologiques reprises sous le terme de Vinta. Bien que ce savoir soit ésotérique, puisque seuls les initiés ont accès aux termes de ces connaissances, le Vinta a un impact important dans la vie des sociétés de l'île. Il est par ailleurs intéressant de constater que les Malgaches, pour se situer ou indiquer un objet, usent abondamment de repères cardinaux. Ainsi donc, le vinta offre un modèle d'organisation, une « taxonomie de l'univers. »
« L'ordre du Monde décline la place de chacun, de chaque lignage par rapport au divin, par rapport à Dieu qui est et se révèle dans la transparence totale du cosmos.
Chacun, au moment de sa naissance, est marqué par un destin particulier, un vintana, qui l'accorde avec l'ensemble des éléments constitutifs de l'univers et le tombeau, image parfaite, épure des principes de l'astrologie, installe exactement le défunt, lové dans le berceau de son lignage, dans la pliure dessinée par la trajectoire perpétuelle qui sépare les vivants et les morts.
Le souverain seul et ceux de son propre lignage sont dans un rapport direct avec le divin et, à ce titre, détenteur du hasina, imbibédu sacré qui leur confère une nature incomparable. De cette manière, ils sont déjà à cheval sur les deux mondes et le roi, descendant de la divinité, est illuminé par la transparence du cosmos, présence totale du divin et source de vérité définitive, rencontre du sang et de l'or. Tous les autres, tous les autres lignages, le commun des mortels portent, de « l'autre côté », un regard à contre-jour et doivent emprunter les chemins de la connaissance, guidés par le devin, pour gagner peu à peu des parcelles de vérité du monde, rencontre de l'eau fraîche et de l'argent. Au plus loin que ton lignage puisse remonter dans la mémoire historique et mythique de tes anc êtres, au plus juste sera ta parole.
Ainsi, le hazomanga ou autel lignager au pied duquel se déroule l'essentiel des rituels lignagers symbolise à travers sa partie épointée qui tend ainsi vers l'infini du passé le lien de tout un chacun avec Dieu, principe fondateur du cosmos. L'autre partie encore recouverte de son écorce représente, tel un arbre en pleine terre, tous les vivants à venir, l'avenir et l'immortalité espérée et possible du lignage. La pointe extrême du hazomanga est l'image de Dieu et chaque lignage s'agrège, prenant rang, selon la profondeur de son histoire, dans ce mouvement absolu, tel l'index de Michel-Ange. » .Jacques Lombard, « Images Et Imaginaire », Études Océan Indien [En ligne],
Les directions ont ainsi chacune leur force symbolique. L'Ouest, où le soleil se couche, correspond à la direction de la vie quotidienne ; l'Est, où le soleil se lève, où l'on prie les ancêtres, est la direction sacrée ; on y couche le mort avant de le déposer dans le tombeau familial et on y installe les objets cultuels ; le Nord est la direction honorifique et symbolise le pouvoir, c'est la place d'honneur des gens importants dans la maison ,alors que le Sud est la direction maléfique. Les maisons traditionnelles sont construites suivant ces directions et sont également sous influence des destins. Quel que soit son matériau de construction, la maison a une forme rectangulaire. Elle est une représentation en miniature de l'année lunaire. A l'intérieur de ce volume orienté, les objets, peu nombreux, sont disposés selon un ordre strict et significatif. Être désordonné aurait signifié ne pas respecter l'ordre du monde. Les choses sont en adéquation avec les rythmes cosmiques et l'ameublement de la pièce répond bien à des impératifs astrologiques ; l'ensemble est toujours construit pour être orienté vers l'Ouest. A l'intérieur, le sol est divisé en 3 zones : favorable, neutre ou peu sure et défavorable. Ouvrant à l'Ouest et grâce à la disposition stricte des piliers et des objets qu'elle contenait, l'habitation servait d'horloge ; l'heure se repérait en fonction des points qu'atteint le soleil dans sa trajectoire. Elle servait surtout de calendrier pour la semaine grâce à la disposition des 7 destins sur son périmètre et pour l'année grâce à celle des 12 destins. Cette intégration du temps dans le microcosme domestique permettait un apprentissage précoce par l'enfant du passage du temps mais aussi du symbolisme de l'espace naturel et social confondus.
« La maison malgache traditionnelle est bâtie sur un plan rectangulaire. La poutre faîtière soutenant le toit à double pente est orientée Nord-Sud. Chaque « destin » astrologique (voir magie) correspond à une direction. La maison orientée, le rôle de chaque partie est déterminé par le destin ainsi matérialisé. La place de chaque objet, de chaque personne est prévue en accord avec le destin de chaque partie de la demeure. Le Nord est la direction du destin du commandement. Le chef de famille s'installe au Nord de la pièce. L'Est est la direction dans laquelle on prie les ancêtres et les dieux. L'union du Nord et de l'Est est le lieu sacré de la maison. Les betsileu y ont un autel. Partout l'homme garde là ses charmes protecteurs. La place des hommes et des choses dans la maison varie peu selon les régions Ouest et Sud sont les directions les moins honorables. La porte est au Sud-Ouest. On balaie, on repousse les saletés profanes dans cette direction. Il y a une hiérarchie des demeures. Celle du patriarche est la plus à l'Est. Prêtre de la grande famille il possède à l'Est de sa maison un pilier du culte Le Nord étant sous le destin du commandement celui dont le père vit doit bâtir sa case au Sud, et veiller à ce qu'elle soit plus basse que celle où vit son maitre. Le polygame aligne du Nord au Sud, dans l'ordre des mariages, les demeures de ses épouses. Comme maîtresse de maison, la première des femmes a droit au Nord.
Si les maisons sont toutes bâties sur le même plan, la construction diffère selon les régions, la dignité de l'habitant, la mode. Dans les provinces, les maisons roturières ont une carcasse de pièces de bois à peine équarries. Les cloisons de roseaux, d'herbes, sont serrées entre de minces bambous maintenus par des pièces de bois ». Jacques Faublée Ethnographie De Madagascar
http://ramakilahy.e-monsite.com/pages/fomba-traditions/les-maisons-traditionnelles-malgaches-et-les-vintana.html
Si l'on considère les couleurs associées, Rouge (le nord) est ainsi la couleur royale, et le symbole du pouvoir :( Menabe signifie Grand Rouge) ; c'est la couleur des rituels royaux, du troupeau royal de zébus. Lié au feu, ses attributs sont alors le soleil et l'or. Le blanc est la couleur de l'est, domaine du dieu créateur Zanahary et des ancêtres. L'élément eau y est associé ainsi que l'astre lunaire et l'argent. Cette couleur intervient dans de nombreux rituels où les esprits sont invoqués. Le kaolin, « terre blanche », est la teinte portée par les possédés ainsi que celle qui marque la poitrine de celui qui s'initie aux règles de la divination.
Le noir appartient au sud.Teinte de la terre, elle est associée au cuivre et figure le monde des premiers occupants et des génies de la nature. Mise en opposition avec le nord, elle peut, dans un sens plus général, représenter le monde invisible. Les devins sont habillés de noir et utilisent sa symbolique en l'associant au cuivre dans de nombreuses pratiques magico-religieuses telles la confection des talismans qui sont des dialogues avec les génies de la nature .Le jaune(l'ouest) correspondrait à la pourriture et donc à la mort. Son symbole est la pierre, et son élément le vent. Le jaune peut s'utiliser sous une forme négative pour mettre en valeur son contraire. Le cercueil royal, par exemple, porte le nom tsy mavo, « qui n'est pas jaune », pour signifier qu'on ne peut que le trouver du côté de l'honneur, du nord et de l'est du blanc et du rouge.
« La puissance du Vinta dépend fondamentalement de la course du soleil et de la lune. La position de ces astres détermine les activités qui pourront être engagées ou pas durant la journée. La visite d'un cimetière, par exemple, est inconcevable dans les moments où la lune et le soleil se croisent : le matin, à midi et le soir. On dit qu'en ces instants de grands changements, les doubles des défunts reviennent du pays des morts et sortent de leur tombe, comme d'un sas, pour se réunir dans les cimetières. Ce n'est pas l'heure pour les vivants de les déranger ! Selon ces principes, la première partie de la journée a plus d'efficacité que la seconde, aussi ne faut-il pas s'étonner qu'en pays sakalava, mais également dans l'ensemble de Madagascar, l'après-midi soit chômée. Cette idée, largement partagée par l'ensemble des sociétés qui peuplent cette île, s'applique également aux phases de croissance et de décroissance de la lune. Tant que la lune tend à se remplir, à s'arrondir jusqu'à atteindre une parfaite « plénitude », les destins qu'elle porte en elle favorisent l'accomplissement des désirs humains : puissance, prospérité et richesse. Mais à peine entame-t-elle sa décroissance, à peine commence-t-elle à montrer les premiers signes de dessèchement que ses présages se font de plus en plus négatifs. C est bien pour cette raison que l'on choisit le premier croissant de lune pour engager une activité difficile et que l'on gratifie le juste, qui avec l'âge a acquis sagesse et raison, de l'éloquent sobriquet de « pleine lune ». A l'ouest de Madagascar: les Sakalava du Menabe .Sophie Goedefroit. Karthala.
L'astrologie et l'idée des destins ont entrainé de ce fait le développement des pratiques de divination SIKIDY(le mot signifie simplement consultation) en usage sur tout le territoire de Madagascar, dont les principes sont directement empruntés à la géomancie arabe, qui s'est diffusée dans le sillage de l'Islam a partie du XVIème. La plupart des populations de l'île pratiquent les mêmes règles de construction formelle d'origine arabe.
Lorsqu'il interprète par les graines, le devin porte le nom de MPISIKIDY. Son art consiste à disposer sur le sol des graines de fano (une sorte d'acacia), sous la forme d'un tableau, dans le but de lire la destinée à travers certaines configurations qui apparaissent dans ce tableau. La procédure de placement des graines comporte une partie produite au hasard d'abord brassage des graines répandues sur le sol, en récitant diverses incantations ; le devin prend ensuite une poignée de graines au hasard qu'il pose en tas devant lui, et retire les graines deux par deux en les faisant glisser avec l'index et le majeur ainsi se manifesterait la destinée. La suite est une partie construite à partir de la précédente selon des règles précises. Cette partie calculée du sikidy met en œuvre, des propriétés formelles élaborées qui sont celles d'une véritable structure algébrique.
« Le reste est pair ou impair. Il recommence seize fois l'opération. Il aligne les restes de haut en bas, sur quatre lignes, en quatre groupes. Il lit d'abord les groupes verticaux, ensuite les lignes horizontales. Chaque figure a un sens par son emplacement, celui indiqué par le tableau-exemple ci-joint. Chaque figure a une signification due à son aspect. L'accord de la figure à l'emplacement révèle au devin la réalité que ne perçoivent pas les hommes. Ces huit figures, seules, permettent rarement de deviner. Maintenant que les dieux ont révélé par le hasard la réalité, il faut que le devin la fasse paraître. Il additionne les figures deux à deux. — Dans l'ordre des numéros du tableau. — Un résultat impair donne un, un résultat pair donne deux. Des premières figures additionnées, il tire quatre autres figures. En ajoutant ces dernières il forme deux figures. Les additionnant entre elles il obtient la figure qui représente, par son emplacement, dieu. Celle-ci ajoutée à celle du demandeur est la dernière. Si le résultat est douteux, le devin savant ajoute des lectures en obliques, en lignes ondulées.
Maintenant que les dieux ont révélé par le hasard la réalité, il faut que le devin la fasse paraître. Il additionne les figures deux à deux. — Dans l'ordre des numéros du tableau. — Un résultat impair donne un, un résultat pair donne deux. Des premières figures additionnées, il tire quatre autres figures. En ajoutant ces dernières il forme deux figures. Les additionnant entre elles il obtient la figure qui représente, par son emplacement, dieu. Celle-ci ajoutée à celle du demandeur est la dernière. Si le résultat est douteux, le devin savant ajoute des lectures en obliques, en lignes ondulées.
Quelques exemples permettent de mieux comprendre le procédé. Ayant obtenu par le sort les numéros un à huit, le devin a par addition les autres figures. Si la personne qui le consulte désire trouver femme, elle sera exaucée, en effet la figure représentant l'homme demandeur et celle figurant la femme ont le même aspect. On peut préciser que le père approuvera ce mariage. Il existe des groupes de figures parentes. Celle qui se trouve en « père » est parente de la figure « demandeur » et « femme ».
Si le consultant a perdu un bœuf, le devin lui révèle que le bœuf est mort et qu'il est utile d'emmener un chien pour le trouver, car la figure qui est en « chien », celle qui est en « dieu » sont parentes, ainsi que celle du «bœuf». La figure «dieu» révèle la mort du bœuf. » ». Jacques Faublée Ethnographie De Madagascar
Pour en savoir plus long un site avec des videos :
http://culturemath.ens.fr/content/la-divination-sikidy-a-madagascar-2057
L'ordre cosmique et la nature vont ainsi façonner les identités sakalava et permettre à cette société de construire et d'organiser son territoire à leur image.
A SUIVRE
Commentaires