ESPACES DE CULTURES ,ANTHROPOLOGIE,PHILOSOPHIE,VOYAGES...
SUIVEURS DE PISTES,DE SAISONS ,LEVEURS DE CAMPEMENTS DANS LE PETIT VENT DE L'AUBE ; Ô CHERCHEURS DE POINTS D'EAU SUR L'ECORCE DU MONDE. Ô CHERCHEURS,Ô TROUVEURS DE RAISONS POUR S'EN ALLER AILLEURS"...
SAINT JOHN PERSE .ANABASE.
« VRAIS HOMMES » et « GENS DE LA TERRE ». L’HISTOIRE DES INDIENS MAPUCHE(1).
« Mes aïeux araucans n'eurent jamais de lumineux cimiers de plumes,
ils n'eurent des lits de fleurs nuptiales,
ils ne filèrent pas l'or pour le prêtre:
ils étaient pierre, arbre, racines de broussailles ballottées, feuilles en forme de lances, têtes de métal belliqueux . »P.NERUDA
Araucan est un mot forgé au XVIe siècle par Ercilla, poète espagnol, à partir d'un nom de lieu indigène. Depuis lors, son usage s'est imposé en ethnologie pour désigner un ensemble de populations qui, parlant la même langue et culturellement apparentées, occupaient, à l'arrivée des conquistadores, le Chili central, du 30e parallèle au golfe Corcovado, et se sont étendues vers le nord-ouest de l'Argentine à partir du XVIIe siècle. Tous les auteurs reconnaissent, par-delà leurs divergences, qu'existait entre les fleuves Bio-Bïo et Toltén une population qui, tant par ses caractéristiques culturelles que par son mode d'organisation et son caractère belliqueux, se différenciait de ses voisins septentrionaux, méridionaux et orientaux. . Selon certaines études, cet ensemble aurait un lien avec les peuples de la région amazonienne par certains traits culturels, aussi avec la culture Tiwanaku, civilisation pré-inca des régions andines. . Selon leur habitat, ils vont se désigner plus tard comme Picunche (les gens du Nord), Mapuche du Centre (les gens de la terre), Huilliche (les gens du Sud), Pehuenche de la Cordillère (les gens du pin, du nom de l'arbre qui leur fournissait leur nourriture principale), Ranquelche (les gens du roseau). Tous faisaient partie du même groupe ethnique , et parlaient le Mapudungún, la langue de la terre.
Guillaume Boccara soutient la thèse (Guerre Et Ethnogenèse Mapuche Dans Le Chili Colonial) qu'à l'arrivée des espagnols, le terme Mapuche n'existait pas dans les sources historiques, ni au 16ème, 17è, et que cet ensemble de population se nommait en fait RECHE « homme purs » ou « hommes vrais ».les Reche seraient devenus Mapuche au cours de leur histoire, du fait de transformations politiques, économiques et culturelles nées du contact (à la fois belliqueux mais aussi commercial avec les Espagnols).
« C'est en effet vers 1760 qu'apparaît pour la première fois mentionné l'ethnonyme mapuche. Les documents du XIXe siècle signalent quant à eux que les Indiens du centre-sud s'autodénomment Mapuche Si l'on tient compte du fait que l'apparition de ce terme est concomitante d'importantes transformations sociopolitiques, économiques et religieuses, on est alors amené à se demander si les structurations internes dues aux contacts polymorphes et pluriséculaires avec les Hispano-créoles n'occasionnèrent pas de profonds changements dans les mécanismes de la définition identitaire. D'où l'on en vient à supposer que cette ethnie, jusqu'ici introuvable, serait peut-être, tout bonnement, le produit d'une histoire. La conquête ayant engendré des effets pervers (inattendus) à travers la mise en mouvement d'une formidable dynamique de concentration sociopolitique, de transformation de la logique économique et d'unification du sentiment identitaire. L'histoire de la résistance indienne acquiert, ce faisant, un nouveau sens pour devenir celle d'un passage, d'une transculturation des Reche du XVIe siècle aux Mapuche du XVIIIe siècle. »
Guillaume Boccara. Guerre Et Ethnogenèse Mapuche Dans Le Chili Colonial. L'Harmattan
Le peuple Mapuche, littéralement (de Mapu terre et Che gens),en Mapudungún, constitue donc l'un des peuples originaires les plus nombreux de la zone centre-sud du Chili et de l'Argentine.
Ils sont environ 300000 en Argentine et plus d'un million au Chili soit 10 % de la population actuelle du Chili. Aujourd'hui, la plupart vivent à Temuco, Santiago du Chili et le tiers vit dans les campagnes. Près d'un demi-million d'individus parlent encore le Mapudungún et ont conservé une grande partie de leur culture
« À l'arrivée des Espagnols, le pays mapuche qui s'étendait des deux côtés de la cordillère des Andes, le Wallmapu souverain, allait du côté chilien depuis Coquimbo au nord jusqu'à l'île de Chiloé au sud, avec le Pacifique comme frontière occidentale. Du côté argentin, depuis le versant oriental de la cordillère des Andes jusqu'à l'Atlantique. Depuis la province de Mendoza à celle de Buenos Aires, et celles de Neuquèn, la Pampa et le Rio Negro. Le Wallmapu s'étendait donc du Pacifique jusqu'à l'Atlantique et comptait environ 1 220000 kilomètres carrés. 260000 correspondant au Chili et 960000 à l'Argentine, avec la majorité de sa population vivant du côté chilien. Le Wallmapu - le pays entier - était divisé en deux par la cordillère des Andes : le Puelmapu - la terre de l'est - située dans une grande partie de ce qui est aujourd'hui l'Argentine et le Gulumapu - la terre de l'ouest - correspondant à la région centrale du Chili actuel. Mais déjà au début du xixc siècle, le Wallmapu en tant que territoire indépendant s'était rétréci comme peau de chagrin.
À l'aube de l'indépendance vis-à-vis de l'Espagne, en 1810, le monde mapuche, bien que secoué par de grands soulèvements dans la partie jouissait d'une certaine tranquillité et prospérité. Dans la deuxième moitié du xvmc siècle, une paix saupoudrée de sursauts de guerre s'était établie, ce qui avait permis malgré tout le développement de fructueux échanges commerciaux entre les mondes espagnols et mapuche. Du côté chilien, la frontière établie par le fleuve Bio-Bio séparait « en conflit et pacifiquement les deux peuples » selon la définition appropriée de José Bengoa. Au sud du Bio-Bio le pays mapuche était une réalité, aidé en cela par l'autonomie relative que ses habitants avaient gagnée par les armes pendant presque trois siècles de luttes — ce qui avait amené le; Espagnols à reconnaître de fait leur souveraineté dans les territoires compris entre les fleuves Bio-Bio au nord et le fleuve Toltén au sud à partir du XVIIe siècle - et aussi en raison de la conviction espagnole que les indigènes ne constituaient pai une menace pour l'empire. Mais en plus d'assurer leur autono mie entre ces deux fleuves - ratifiée par les pourparlers ave< les Espagnols dans les grandes assemblées connues Parlamentos-, ils avaient réussi à consolider un espace des deux: côtés de la cordillère des Andes. Cela leur permettait d'établi une unité en tant que peuple, facilitée par les déplacement des populations d'un côté à l'autre de la cordillère au gré de événements, mais surtout par les échanges commerciaux. ».
Sergio Zamora. Les Guerriers Du Crépuscule .Yvenine Edition
Selon les chroniques, les Araucans entrèrent pour la première fois dans l'histoire au XVe siècle, lorsqu'ils arrêtent sur le fleuve Maule l'armée inca conduite par l'empereur Tupac Yupanqui et infligèrent aux « Péruviens » leur plus importante défaite militaire, fixant ainsi la limite méridionale de leur expansion territoriale et politique. Moins d'un siècle plus tard, Diego de Almagro, compagnon de Pizarre, fit une reconnaissance en pays araucan qu'occupa Pedro de Valdivia, fondateur, en 1541, de Santiago du Chili. Mais l'occupation n'apporta pas la pacification. L'arrivée des conquistadors se solda au contraire par l'avènement d'un conflit militaire connu dans l'historiographie sous le nom de Guerre d'Arauco (1546-1641).
L'histoire a retenu les exploits de Lautaro. (En mapudungún, Levtraru « rapace rapide », ou « grand aigle ».) Un toqui (chef de guerre) mapuche, et devenu un héros mythique, grâce à son éloquence, et à sa bonne connaissance des techniques militaires espagnoles, (il avait été captif des espagnols). Sous son commandement, Les Mapuches réussirent à surprendre la troupe espagnole à la bataille de Tucapel. Pedro de Valdivia fut fait prisonnier et tué. Le 23 février 1554, les troupes de Lautaro affrontèrent le gros de l'armée espagnole lors de la bataille de Marihueñu. Les Espagnols furent défaits, et les Mapuches poussèrent leur avantage en détruisant Concepcion et la plupart des positions espagnoles d'Araucanie.il fallut une trahison pour que les Espagnols surprennent le camp de Lautaro en 1557 et le tuent.
En 1598 les indiens sous le commandement d'un autre toqui, Pélantero, attaquèrent de nuit la place de Curabala , laissée sans grande défense et y tuèrent le second gouverneur Martín García Óñez de Loyola, le 21 December, 1598.
Les guerres et les razzias (malon) incessantes contre les espagnols ont inspiré le fameux poème épique La Araucana d'Alonso de Ercilla.
Jamais on ne vit roi qui ait pu dominer
Cette fière nation de liberté éprise,
Ni un peuple étranger qui puisse se vanter
De l'avoir, même un jour, sauvagement conquise
Pas même un seul voisin, voulant le prendre en faute
N'aura devant elle brandi sa fière épée :
Toujours indépendante et toujours indomptée,
Elle aura vécu sans lois et marché tête haute.
Alonso De Ercilla (1533-1594) La Araucana
Le conflit prit officiellement fin en 1641 avec la signature du Traité de Quilin. Ce fut le seul traité de l'histoire de l'empire colonial espagnol à reconnaître un peuple amérindien comme interlocuteur et nations. Ce document entérina l'existence du territoire mapuche au sud du fleuve Bío-Bío. Confirmée à de multiples reprises, au cours de l'histoire coloniale, la souveraineté territoriale mapuche ne fut remise en cause qu'au moment de la construction nationale chilienne, dans le courant du 19 ème siècle
Au début du XIXème siècle, quand le Chili était encore une colonie espagnole, les Mapuches occupaient un territoire aussi grand que le Portugal, soit 100 000 km2, au centre du pays. Pourtant, un siècle plus tard, ils avaient été relégués sur 5 000 km2 de réserves, à peine plus de 5 % de leur territoire d'origine.
L'indépendance du Chili et la création d'un État en 1810 changèrent les relations entre les Mapuches et les descendants des conquistadores. En 1826, l'État chilien signa bien le traité de Tapiweh avec la nation mapuche reconnaissant un territoire limité par une frontière naturelle : le Bío Bío. Mais dès les premières années, la toute nouvelle république mit en place un dispositif de lois et une politique de qui aura pour conséquence une guerre brutale au cours du XIXe siècle.
Au moyen d'une politique d'éradication, de déracinement et d'assimilation forcés, l'État chilien entreprit le processus de colonisation et d'extermination des Mapuches. Le système des « réserves », copie intégrale du modèle nord-américain, fut mis en place par divers gouvernements jusqu'en 1925, année au cours de laquelle les derniers natifs furent parqués dans la zone de Cautin.
Pour l'État, ses représentants et la société chilienne au 19ème siècle, la question territoriale mapuche se posait à la fois, comme une entrave à l'unité territoriale de la nation, mais aussi et surtout comme une question foncière liée à la disponibilité de terres nécessaires à l'expansion de l'aire de production agricole
À la fin des années 1840, l'ouverture de nouveaux marchés, en Californie et en Australie - qui s'ajoutèrent à celui plus ancien du Pérou -, avait eu pour effet de stimuler la production céréalière chilienne dont la croissance s'était néanmoins vue limitée par le manque de terres. Dans un tel contexte les régions au-delà du Bío-Bío apparaissaient aux yeux des chiliens chilienne comme un vaste territoire qui, une fois rattaché à la juridiction nationale et ouvert à la colonisation et au peuplement, pourrait être mis au service d'une économie exportatrice en pleine croissance et intégré aux nouveaux marchés internationaux
« D'abord rattaché de facto à la juridiction nationale chilienne en 1852 par la création de la Province d'Arauco, l'outre Bío-Bío fut ensuite conquis et annexé lors de la campagne militaire de Pacification de l'Araucanie, menée par l'armée chilienne entre 1861 et 1884. Parallèlement à cette manœuvre, l'État mit en place un arsenal juridico-légal censé lui permettre d'asseoir rapidement son autorité tout en canalisant l'afflux migratoire. Le principe était simple : aux militaires succéderaient des topographes qui auraient à charge de délimiter les terres mapuches et de dresser un cadastre servant à l'établissement de titres de propriété en faveur des autochtones. Initié en 1884, ce processus se prolongea jusqu'en 1929 et eut pour effet de « réduire » littéralement le territoire mapuche à quelques maigres portions légalement reconnues. Quelque 3078 titres ne représentant guère plus de 500 000 ha, soit à peine 6 % de l'ensemble des terres préalablement sous contrôle mapuche, furent ainsi distribués]
Dans les faits, pourtant, le processus de colonisation prit amplement le pas et, dès 1873, alors qu'aucun titre n'avait encore été distribué aux Mapuches, les terres d'Araucanie furent mises aux enchères par lots de plusieurs centaines d'hectares, ce qui eut pour effet de réduire davantage le domaine foncier autochtone
L'inclusion violente des Mapuches au sein de la société chilienne mit un terme aux modes de relation qui avaient prévalu durant l'époque coloniale et dans les premiers temps de la période républicaine. Soumises dès lors à la normativité du cadre législatif chilien, les autorités coutumières ne jouirent d'aucune forme de reconnaissance particulière de la part des vainqueurs. Dans un tel contexte, on assista à un profond bouleversement des structures autochtones qui s'adaptèrent à l'imposition du cadre nouveau dans lequel elles se virent confinées. « Bastien Sepúlveda, « Le pays mapuche, un territoire « à géographie variable » », Espace populations sociétés
Quelques repères historiques :
De 1868à 1881 : c'est la pacification : en fait une guerre d'extermination et de dépossession menée avec une violence sans frein. Des dizaines de milliers d'indiens sont massacrés, le bétail abattu, les communautés incendiées, le peuple Mapuche est confiné dans des "réductions" qui ne permettent pas l'autosubsistance. Leur territoire est réduit à 500.000 hectares.
le Gouvernement Allende(1970/73) restitue aux Mapuches 15.000 hectares mais sans du tout reconnaitre leur identité de peuple indigène à partir de 1973 la dictature de Pinochet va bien sur reprendre et multiplier massacres et répression en obligeant les mapuche à rétrocéder aux gros propriétaire les terres octroyées. Le mode de vie Mapuche, ayant pour base la possession communautaire des terres, se voit bouleversé par la contre-réforme agraire imposée par le régime militaire, mettant l'accent sur la propriété individuelle privée. La Loi du 22 mars 1979 dite de "dissolution des communautés" supprime en effet la propriété collective des terres Ce qui implique la perte de plusieurs milliers d'hectares de terre récupérés par des entrepreneurs latifundistes et par de grandes entreprises forestières.
En 1978, Pinochet décide de subventionner les entreprises forestières qui planteront des pins et des eucalyptus au sud du Chili en vue d'un exportation massive : rasage des forêts natives pour en faire des forêts à "bois" .
1992 / 1993 : l'état chilien proclame la "loi indigène ": où elle reconnait néanmoins la dette historique envers les Mapuches, sans jamais les reconnaitre comme peuple Les Mapuche décident de lancer des actions d'occupations de terres qui sont réprimées impitoyablement. les leaders mapuches son emprisonnés. De 1994 / jusqu'à nos jours, la loi "anti terroriste " adoptée par Pinochet est toujours utilisée , y compris par les gouvernements « de gauche » pour qualifier la résistance mapuche contre les expulsions de terres.
« Le but recherché était donc de quadriller l'outre-Bío-Bío en le soumettant au régime de la propriété privée, base du modèle de développement que l'on cherchait à impulser. C'est cet idéal que poursuivirent infatigablement les gouvernements successifs qui firent de la division des terres mapuches un enjeu économique national. Entre 1962 et 1973, durant le processus de réforme agraire, on se focalisa toutefois davantage sur l'accès à la terre et le soutien à la production, dans une perspective de lutte des classes et de déprolétarisation du petit paysannat autochtone. Certaines communautés mapuches, converties pour l'occasion en coopératives paysannes, accédèrent ainsi aux terres expropriées aux grand propriétaires terriens
Mais la création des réductions n'était pas une fin en soi, le but ultime étant en fait de soumettre les terres mapuches aux lois du marché. Avant même la fin officielle du processus de mise en réduction, les autorités chiliennes s'empressèrent de « normaliser » la propriété foncière autochtone par la parcellisation des réductions déjà créées. Cette seconde étape s'initia en 1927, et les modalités en furent précisées par la promulgation successive, jusqu'en 1931, de quatre textes de lois. Dans le dernier de ces textes, il fut même clairement affirmé que « [...] l'idéal devant être recherché en la matière est de soumettre les autochtones au régime légal qui règne dans le reste du pays, unique façon de les incorporer pleinement à la civilisation et d'obtenir que les terres qu'ils occupent jouissent des bénéfices du crédit et soient dûment travaillées et cultivées
Le coup d'État du 11 septembre 1973 mit cependant un coup d'arrêt à ce processus qui fut alors réorienté dans le but de disposer d'un marché foncier favorisant l'épanouissement de politiques néolibérales. Les principes de privatisation des économies nationales, de retrait de l'État et d'ouverture au commerce international prirent le pas. La première mesure des autorités militaires consista à « normaliser » le patron de distribution des terres afin de reconvertir l'Araucanie en un grand centre de production sylvicole. De sa réputation passée de « grenier du Chili », cœur de la production céréalière nationale, l'outre Bío-Bío devint, au cours des années 1970, le berceau d'un « El Dorado de bois ». Sur les quelque 90 423,2 ha de terres réformées dans l'ensemble du territoire mapuche, pas moins de 68 075,3 ha, soit 75 % du total, furent transférées à la Corporation Nationale Forestière (CONAF) qui les céda ensuite à des sociétés forestières [Toledo, 2006]. »Bastien Sepúlveda.op.cité.
Ce territoire est riche en ressources naturelles par ses forêts, ses rivières, ses lacs et ses fonds marins. Aussi est-il une cible privilégiée pour les grands investisseurs chiliens et étrangers (Dans le sillage des grandes industries d'exploitation des ressources naturelles se développent des mégaprojets comme celui de la centrale hydroélectrique de Ralco et celui du By Pas, la future grande autoroute de la côte. Ces projets provoqueront une détérioration de l'environnement irréversible par la pollution des sols, des rivières, de la mer et de l'air. La destruction des forêts est liée à la transformation du bois. Les usines de cellulose utilisent de nombreux produits chimiques comme le sulfate de soude, la soude caustique ou le pétrole. Les plantations de pins radiata et d'eucalyptus pour reboiser les forêts détruites, par leur exploitation excessive, acidifient les sols et rendent les terres stériles.
C'est contre ces projets que se levèrent massivement les communautés mapuche, dans diverses provinces du sud. En 2002, on pouvait dénombrer 22 communautés dans la province de l'Arauco en conflit avec les entreprises privées, et 18 dans la province de Malleco .La pression des militaires est encore aujourd'hui accompagnée par la violence des paramilitaires employés par les grands propriétaires terriens.
Actuellement plus de 400 militants mapuches sont inculpés par les tribunaux pour leur participation aux actions des communautés en conflit. À ces chiffres s'ajoute un nombre important de personnes en fuite. . Les communautés en conflit revendiquent pour eux le statut de prisonniers politiques. Dans la majorité des cas, ils sont jugés pour infraction à la loi dite de sécurité intérieure de l'État et à la loi antiterroriste, y compris sous les gouvernements « socialistes ».
En outre La problématique mapuche ne peut plus être circonscrite à la question des terres. il s'agit d'un problème national et plus particulièrement métropolitain. En effet, 80% des Mapuches vivraient aujourd'hui en zones urbaines. Ces flux migratoires sont la conséquence de la réduction des terres mapuches La division des terres entraîna la prolétarisation et la marginalisation des Mapuches qui vont alors chercher dans les villes de meilleures conditions de vie. Ce processus de migration qui a considérablement augmenté dans les années 70 et 80 en raison d'une grave crise du secteur agricole dans la région de l'Araucanie n'a cessé de se développer. L'éloignement des communautés entraîne de lourdes conséquences sur l'ensemble de la culture mapuche, et notamment sur la langue. Les Mapuches pour qui la langue dominante est le mapudungu sont ceux qui ont opté pour la vie traditionnelle dans la communauté ; ceux chez qui prédomine le castillan sont des Mapuches qui ont fait le choix de la vie en zone urbaine. Au vu des chiffres concernant la population mapuche vivant dans les villes, il est fort probable que le nombre de Mapuches qui ne parlera que castillan va augmenter, ce qui laisse présager d'un futur difficile pour ce groupe linguistique.
« Faisant écho à la montée en puissance des mouvements autochtones ces dernières décennies, les Nations unies chargèrent en 1971 le sociologue équatorien José Martínez Cobo « d'étudier 'le problème de la discrimination à l'encontre des populations autochtones', ce qui prit une douzaine d'années et cinq volumes » (Bellier, 2006, p. 101)1. Ce sont les résultats de ce copieux rapport qui incitèrent, en 1982, à la création d'un Groupe de travail sur les populations autochtones (GTPA) auquel on demanda d'élaborer un Projet de déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Après deux longues décennies de débats, d'arrangements et de modifications, le projet de déclaration fut finalement adopté par l'Assemblée générale des Nations unies le 13 septembre 2007, date qualifiée d'historique par beaucoup qui voient là une avancée substantielle dans la reconnaissance des droits des peuples autochtones.
« Tant au Chili qu'en Argentine, les Mapuches constituent le peuple autochtone le plus important à l' (...)
Dans le cône sud-américain, les Mapuches du Chili et d'Argentine ne sont pas restés en marge de ces débats2. Insérés dès le courant des années 1970 dans les réseaux, ils ont ouvertement questionné la tutelle coloniale exercée sur eux, depuis la fin du XIXe siècle, par les États chilien et argentin. Bien avant l'heure, ils furent même à l'origine d'un puissant mouvement contestataire qui, quelques années à peine après l'annexion de leur territoire, se mobilisa activement dans le sud du Chili. Façonnant leur projet d'autonomie, les dirigeants mapuches se mirent alors à revendiquer un territoire dont la forme et la nature se précisèrent au fil du temps.
Telle une substance donnant corps au projet politique autochtone, la mobilisation du concept de territoire semble circonscrire tant la définition que la pratique de l'autonomie. En somme, il n'y aurait pas d'autonomie possible autrement que dans l'attribution d'un territoire dûment reconnu lui servant de cadre. Envahissant les discours, la référence au territoire est ainsi devenue omniprésente et indissociable des demandes d'autonomie, quitte à remettre en cause, au passage, la légitimité de l'État et de son territoire. Mais voilà que « même quand l'État-nation est contesté de l'intérieur au nom d'une différence culturelle ou d'une légitimité historique distincte, les paradigmes politiques et territoriaux majeurs sur lesquels repose l'État-nation moderne sont revendiqués par les contestataires » (Hirt, 2008, p. 26).
Les Mapuches, comme beaucoup d'autres peuples autochtones, reprennent eux aussi à leur compte cette conception du territoire en tant qu'espace quadrillé, surface bornée, appropriée et exclusive, « cadre unifié de gestion des ressources et des hommes » (Retaillé, 1997, p. 148), propre à l'idéologie stato-territoriale qu'ils prétendent par ailleurs combattre. Si les enjeux des débats autour des revendications territoriales autochtones dépassent évidemment la spécificité du cas mapuche, celui-ci devrait néanmoins apporter un éclairage intéressant sur les questions que cela suscite. Faut-il alors souligner préalablement la situation de relatif éparpillement de la population mapuche au Chili, dont une part importante vit désormais dans les grands centres urbains hors du territoire historique ). À ce titre, le traitement donné à la question urbaine par les représentants du mouvement mapuche permettra d'interroger les présupposés géographiques structurant leurs discours sur le territoire ». Bastien Sepúlveda.op.cité.
Commentaires
Très intéressant.
Serait il possible de contacter via "commentaire", l'auteur de du texte « VRAIS HOMMES » et « GENS DE LA TERRE ». L’HISTOIRE DES INDIENS MAPUCHE(1). ?
Les carnavals masqués , continuent à rendre hommage aux mythes anciens un peu partout . Habillé sous forme de chèvre, de diable, d’ours ou de monstre avec mâchoire en acier, « l’homme sauvage » appartient au monde de ces mythes.
Le photographe Français Charles Freger découvre le Krampus ) à Salzburg lors d’une mascarade. - créature démoniaque, née dans des pays comme l’Autriche, la Bulgarie ou la Slovénie. Fasciné par la rencontre, il se mit à la recherche des divers figures du mythe dans une chasse photographique à travers, ce qu’il appelle « l’Europe tribale ».
Très intéressant.
Serait il possible de contacter via "commentaire", l'auteur de du texte « VRAIS HOMMES » et « GENS DE LA TERRE ». L’HISTOIRE DES INDIENS MAPUCHE(1). ?
Rédigé par : Sergio Valenzuela | vendredi 03 nov 2017 à 17h40
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Rédigé par : Yvan Etiembre | samedi 02 déc 2017 à 09h27