Les hommes devaient bien vite oublier le chant de la création : : dans le premier monde ils se séparèrent des animaux : les fidèles de la voie furent persécutés : Sbtuknung leur fit alors abandonner leur possession et se réfugier dans une fourmilière (monde souterrain) pour être à l’abri puis il détruisit le premier monde par le feu.
A près une longue période, le démiurge trouva la force pour créer un nouveau monde : » « il n’a pas la beauté du Premier Monde, mais Vous l'apprécierez. Allez, multipliez-vous et soyez heureux. Mais n'oubliez pas votre Créateur et les lois qu'il vous a données. Lorsque je vous entendrai chanter joyeusement ses louanges, je saurai que vous êtes mes enfants. Dans vos cœurs vous serez près de moi. »
Ainsi les hommes émergèrent dans le Deuxième Monde. Son nom était Topka (Minuit-Noir). Sa direction était le Sud, sa couleur le bleu, son minéral gochasiva, l'argent. Ses parties principales étaient salavi, le sapin : kwahu, l'aigle ; et kolichiyaw, la moufette.
C'était une grande terre. Les hommes s'y multiplièrent rapidement et se répandirent dans toutes les directions, même jusqu'à l'autre côté de la planète. Ce fut très bien ainsi, car les hommes étaient si proches spirituellement qu'ils avaient la possibilité de se voir et de s'entendre grâce à l'usage d’un « centre vibratoire » du sommet de la tête. Ayant « la porte ouverte », ils se sentaient proches de Sbtuknang et chantaient joyeusement les louanges du Créateur, Taiowa.
Malgré tout, ils n'avaient plus le privilège de la compagnie des animaux qui vivaient en troupeaux sauvages, et à cause de cette séparation les hommes ne s'occupaient que d'eux-mêmes. Ils édifiaient des maisons, des villages, et des sentiers pour les relier. Ils fabriquaient de leurs mains des objets, et à l'exemple du Peuple des Fourmis ils emmagasinaient leurs récoltes. C'est alors qu'ils commencèrent à faire des échanges et du commerce.
A cause de cela, des disputes surgirent. Dans ce Deuxième Monde il y avait tout ce dont ils avaient besoin, mais ils voulaient encore plus. De plus en plus, ils firent le commerce de choses dont ils n'avaient aucun besoin. Plus ils avaient de nourriture, plus ils en voulaient. Cette situation empira car ils ne se rendaient pas compte qu'ils s'éloignaient de l'état de bonheur. Ils oublièrent de chanter les louanges au Créateur. Peu après ils chantèrent les bienfaits des marchandises qu'ils et accumulaient :ce qui avait déjà eu lieu réapparut : pour la possession ils se querellèrent et la guerre commença entre tribus
De nouveau quelques élus se réfugièrent chez les fourmis et les jumeaux qui contrôlaient pole sud et nord les quittèrent : l’axe terrestre sans contrôle se mit à tourner de façon désordonnée : le globe tournoya dans l’espace et devint un bloc de glace : ce fut la fin du Deuxième monde.
Après une longue période de glaciation, Sbtuknung travailla pour établir un Troisième monde : à son appel, les derniers hommes gravirent l’échelle de la kiva de la fourmi pour faire émergence dans le Troisième monde
Son nom était Kuskurzu, sa direction était l'Est, sa couleur le rouge. Ses éléments principaux étaient le minéral palâsiva; le cuivre ; la plante piva, le tabac ; l'oiseau angwusi, le corbeau ; et l'animal choôvio, l'antilope.
Là, une fois de plus les hommes se multiplièrent, se dispersèrent à la surface de la terre, et continuèrent leur évolution sur la Route de Vie. Dans le Premier Monde, ils avaient vécu avec les animaux. Dans le Deuxième Monde, ils avaient fait des objets, des maisons, et des villages. Dans ce Troisième Monde, ils se multipliaient et évoluaient avec une telle rapidité qu'ils créèrent de grandes villes, des pays et une civilisation complète. Tout cela rendait encore plus difficile qu'auparavant la conformité aux lois de la Création ainsi que la pratique des chants de louange à Tuiowu et Sbtuknung. De plus en plus nombreux furent les hommes complètement absorbés par leurs préoccupations terrestres.
Bien sûr, quelques-uns conservèrent la sagesse accordée au moment de l'émergence. Ces hommes comprenaient que plus ils avançaient sur la Route de Vie plus ils se développaient ; cette évolution devenait de plus en plus difficile. D'où la nécessité de temps à autre de détruire le monde pour obtenir la chance d'un nouveau départ.
Réunis au sommet des collines pour y louer le Créateur, les hommes qui avaient la sagesse chantaient encore plus fort et plus longtemps personne ne les remarquait plus.
Sous la direction du clan , de l’Arc les hommes utilisèrent leur pouvoir créateur d'une manière destructive. Ainsi certains d'entre eux construisirent un ûàtuwvota (Bouclier-fait-de-Cuir) et le firent voler grâce à leur pouvoir créateur. Ainsi ils allèrent vers une autre ville, l'attaquèrent, et revinrent si rapidement que personne ne sut qui étaient les assaillants. Dès lors, dans bien des villes, les hommes en construisirent et s'entre-attaquèrent. Dans ce Troisième Monde, ainsi que dans les précédents, la corruption et la guerre s'établirent.
Sbtuknung alla voir Mère-Araignée et lui dit : « Cette fois-ci, il est inutile d'attendre que la corde cède, il faut agir avant que les hommes qui ont le chant dans le cœur ne soient corrompus, ou alors ils seront eux aussi détruits. Avec toutes ces guerres destructrices il leur sera très difficile d'aller se retrouver à l'extrémité de la terre que j'ai choisie pour eux. Je veux les aider. Aussi il te faudra les sauver pendant que je détruirai ce monde avec l'eau. »
« Comment pourrais-je les sauver ? », demanda Mère-Araignée.
« En arrivant là-bas, cherche autour de toi », commanda Sbtuknung. « Tu trouveras de grandes plantes à tige creuse. Coupe-les et mets les hommes à l'intérieur. Je te dirai que faire ensuite. »
Mère-Araigné fit ainsi qu'il lui avait été dit. Elle coupa les plantes creuses, et à mesure que les hommes arrivaient, elle les y installait, leur donnant un peu d'eau et du hurusuki (pâte-de-farine-de-maïs-blanc) pour se nourrir.
Une fois ces hommes sauvés, Sbtuknung. libéra les eaux sur la terre. Des vagues plus hautes que des montagnes s'avancèrent au-dessus des continents ; les pluies continuèrent et les vagues balayèrent le globe. Seuls les élus flottèrent et après une longue période abordèrent / ce fut l’émergence du quatrième monde
« Avant que je ne vous quitte, j'ai ceci à vous dire », annonça Sôtuknang aux hommes encore réunis au lieu de l'Émergence, le rivage du Quatrième Monde. Voici ce qu'il dit:
« Le nom de ce Quatrième Monde est Tùwaqachi, le Monde Achevé. Vous découvrirez pourquoi. Tout n'y est pas aussi beau et aussi facile que dans les mondes précédents. Il est fait de hauteurs et de dépressions, de chaleur et de froid, de beauté et de désolation. Il y a tout ce que vous pourrez choisir. Car c'est ce choix qui décidera si, cette fois-ci, vous êtes capables de faire évoluer le Projet du Créateur ; ou si ce monde lui aussi en son temps devra être détruit. Maintenant, vous allez vous diviser et chaque groupe s'en ira selon des voies différentes pour proclamer cette terre celle du Créateur. Chacun des groupes suivra son étoile jusqu'à ce qu'elle s'arrête, et là il s'établira. Pour moi le temps est venu de vous quitter. Vous serez aidés par vos divinités et par vos esprits bienfaisants. Gardez vos "portes" ouvertes, et n'oubliez jamais ce que je vous ai dit. Ainsi ai-je parlé. »
Et il disparut.
Lentement les hommes commencèrent à s'éloigner du rivage. Dès qu'ils pénétrèrent dans ce monde, ils entendirent à nouveau le grondement sourd. Regardant autour d'eux, ils virent un bel homme auquel ils demandèrent : « Es-tu celui qui fait les bruits que nous avons entendus ? »
« Oui. J'ai créé ces bruits pour vous aider à trouver votre route. Ne me reconnaissez-vous pas ? Je suis Mâsaw, j'ai la charge de cette terre, j'en suis le gardien et le protecteur. »
Alors les gens reconnurent Musuw. Auparavant il avait eu la charge du Troisième Monde, mais il était devenu un peu trop imbu de son rôle et avait alors perdu l'humilité due au Créateur. Cependant il était un esprit et ne pouvait pas être détruit. Tuiowu lui retira cette charge et le fit devenir divinité de la mort et du monde des morts. L'Au-Dessous n'était pas aussi agréable que l'Au-Dessus, et lorsque le Troisième Monde fut détruit, Tuiowu décida de lui accorder une nouvelle chance, ainsi qu'il en avait donné une aux hommes. Il le chargea de garder et de protéger ce Quatrième Monde.
Il fut le premier être que les hommes rencontrèrent. Pleins de respect, ces derniers lui demandèrent : « Nous permettras-tu de demeurer sur cette terre ? »
«Oui. Cette terre m appartient, et je vous donnerai la permission de vous y établir. »
Alors les hommes demandèrent : « Seras-tu notre guide ? »
« Non », répondit Musaw. « Celui qui est plus puissant que moi vous a donné en premier lieu une tâche à accomplir. Lorsque les continents du monde précédent furent précipités dans les eaux, cette nouvelle terre fut poussée en surface en son milieu pour devenir la colonne vertébrale du monde. Vous êtes maintenant sur son utvilu (Pente-vers-1'Ouest). Mais vous devez entreprendre vos migrations. Vous n'avez pas encore suivi vos étoiles vers l'endroit où vous vous retrouverez pour vous y établir. Pour que je puisse devenir votre guide, vous devez accomplir cela. Si vous retombez dans le mal, je vous prendrai cette terre. J'en ai la charge, j'en suis le gardien et le protecteur.
« Au Nord vous trouverez le froid et la glace, c'est là la Porte-de-Derrière de cette terre. Ceux qui entreront par là le feront sans mon accord. Allez, et avec ma permission prenez cette terre. »
Musaw disparut. Les hommes se divisèrent en clans et en groupes pour entreprendre leurs migrations.
« Nous nous retrouverons », se dirent-ils.
Le monde souterrain, dans l'enseignement hopi, a la même fonction que le Ciel dans la tradition chrétienne. Il sous-tend tout le système de pensée sur lequel repose leur compréhension de la vie et de l'espèce humaine. Plusieurs croyances ayant trait au Monde Souterrain soulignent la place fondamentale que celui-ci occupe dans leur philosophie religieuse.
En premier lieu, ils croient que l'humanité actuelle est le « Quatrième Monde », la quatrième expérience de l'homme dans l'histoire du monde, après l'échec des trois premiers. Chaque expérience a pris naissance dans le Monde Souterrain, lequel symbolise la Mère, la matrice. Chacun de ces cycles, ou de ces « mondes », a commencé comme le fait un fœtus, dans l'utérus de la mère.
l'âme du défunt retourne dans le Monde Souterrain, , en portant le masque qu'un membre de la société kachina avait arboré lors de son initiation. Ceci illustre l'importance primordiale conférée au clan des kachinas dans leur système de pensée. Selon la Voie Hopi, l'âme d'une personne décédée part d'abord dans le Monde Souterrain, avant de revenir sous la forme d'un nuage dans le ciel — c'est la raison pour laquelle on appelle les morts le « peuple des nuages ». S'ils sont enterrés conformément aux rites, on pense que le peuple des nuages apportera a pluie sur les champs, aidant à faire pousser les récoltes.
On raconte que lors du troisième cycle humain, le Dieu de la Terre, Masau, fut rétrogradé par Taiowa, le Dieu de la création, qui lui avait confié la mission de surveiller ce troisième monde, parce qu'il s'était mal conduit. Mais Masau est un dieu, c'est-à-dire un esprit, et ne peut pas mourir. Il fut donc relégué dans la fonction de Dieu de la Mort et du Monde Souterrain. Quand le quatrième monde se matérialisa, on lui donna cependant une nouvelle chance et il fut promu à nouveau au rôle de surveillant de la Terre, rôle qu'il occupe à présent.
Les chambres de cérémonies souterraines, les kivas, représentent symboliquement le Monde Souterrain. Dans chaque kiva, un trou de petite taille, appelé sipapuni (ou en diminutif sipapu), est pratiqué dans le sol, au centre de la chambre. C'est le symbole de l'Émergence des Hopis dans la réalité physique des quatre mondes.
Les découvertes en géologie ont apporté des preuves et confirmé la succession des cycles géologiques, lors de la dérive des masses continentales et le déplacement des plaques souterraines dus à la rotation de la terre durant les différentes phases de glaciations polaires. Ces théories géologiques suggèrent la possibilité d'un développement de l'homme identique à la vision hopi de l'évolution de l'humanité. Même les mythes sur l'Atlantide, la Lémurie ou Mû comportent des similitudes avec l'histoire des Hopis.
Extrait de f.walters : le livre du hopi ed. macula
L'intégralité du mythe ainsi que le sens de l'Emergence sont exprimés par un symbole nommé par les Hopis Mère-Terre et qui prend deux formes, carrée et circulaire
« Dans la forme carre, la ligne à l'ouverture n’est pas reliée au dessin complexe. Les extrémités de ce trait symbolisent les deux étapes de la vie : l'enfant avant sa naissance dans la matrice de Mère-Terre, et l'enfant après sa naissance. Le trait représente le cordon ombilical et aussi la voie de l'Émergence. Si ce dessin est tourné de façon à ce que ce trait soit vertical, ouverture vers le haut, sa partie inférieure est alors visiblement placée dans une forme en U dont les lignes intérieures représentent les membranes fœtales entourant l'enfant dans la matrice, et les lignes extérieures les bras de la mère qui plus tard le porteront.
Dans sa forme circulaire le symbole a une construction et un sens différents. La ligne au centre et à l'ouverture est reliée au dessin. Le centre de la croix ainsi formée représente le Père-Soleil, celui qui donne la vie. Dans ce labyrinthe il y a deux lignes et quatre extrémités. Toutes les lignes et les croisements de ce dessin constituent une représentation du projet universel du Créateur, celui que l'homme doit observer sur sa Route de Vie. Les quatre extrémités sont les directions ou les points cardinaux tels qu'Us sont définis dans le plan universel de vie. Une « Seconde Chance », c'est-à-dire la renaissance, est garantie à celui qui observe ce projet. Tel est le sens de cette forme d'embrassade de l'enfant par la mère. Le dessin circulaire symbolise les limites de la terre traditionnellement revendiquée par les Hopis, terre bornée par des sanctuaires secrets placés à ses frontières. Pendant Wûwuchim ainsi que pendant d'autres cérémonies, les prêtres font quatre fois le tour du village pour, selon le plan universel, rituellement revendiquer cette terre.
La kiva a une sorte d'identité structurelle avec ce symbole Mère-et-Enfant, car elle est elle-même Mère-Terre. Le stpa-puni, un petit trou creusé dans le sol, représente la matrice, Lieu de l'Émergence du monde précédent. L'échelle, donnant accès à l'ouverture faite dans le toit, est la représentation du cordon ombilical et la voie vers une autre Émergence dans le monde futur. Pendant Wuwuchim, lorsque les initiés sont soumis à une renaissance spirituelle, l'Émergence est jouée rituellement ».
Ce symbole a pour la plupart des tribus indiennes d’Amérique du Nord, Centrale, et du Sud, un sens très proche : L ombilical et les membranes fœtales de Mère-Terre lorsqu'elle donna naissance à son enfant.
Il est étrange de s'apercevoir que ce symbole est connu dans le monde entier. C'est l'une des plus anciennes figures de la symbolique humaine. On le trouve gravé sur les pierres des mégalithes d'Europe de l'Ouest, entre 3500 et 3000 ans avant J.-C., en particulier dans les salles funéraires. Il est connu des Egyptiens, là aussi associé au culte des morts, au chemin que l'âme du défunt doit parcourir pour gagner l'immortalité. Labyrinthe des entrailles (signification qui intéressera Freud), ou "palais des intestins", en Mésopotamie, il servait à la lecture des présages et à la symbolisation du monde enfoui de "l'inconscient".
On trouve ce schéma classique sur des pièces de monnaie et des sceaux crétois, et incorporé dans des peintures grecques où des inscriptions l'identifient expressément au dédale décrit par le mythe de Thésée On retrouve également le laby rinthe crétois (c'est son nom) sur des mosaïques romaines et dans l'architecture médiévale
au Moyen Age, le labyrinthe fut confiné au sol des églises, parfois sur leur parvis, les anciens dessins à voies multiples — déambulations à plusieurs sorties ou risque de se perdre dans un couloir bouché — devinrent un chemin tortueux, mais avec une seule issue : la révélation de Dieu
Le Minotaure, monstre hybride, mutant ou survivant d'un règne mixte où les humains étaient plus proches des animaux, est aussi décrit comme un cannibale se nourrissant de jeunes hommes et de jeunes filles qui étaient abandonnés chaque année dans son labyrinthe. L'ogre du mythe rappelle bien d'autres figures ancestrales associées à des mythes d'initiation aux quatre coins du monde, notamment en Australie, où l'on raconte aux jeunes novices qu'ils vont être « mangés », pour mourir à leur enfance et renaître à l'âge adulte comme des initiés, devenus hommes ou femmes. N'était-ce pas l'enjeu même du labyrinthe que de transposer cette transformation de la jeunesse vers la maturité figurée par un chemin aux multiples impasses, menant à la mort si on ne sait pas trouver la sortie ?
C'est grâce à l'amour de la fille du roi Minos que Thésée envoyé à l'intérieur du labyrinthe, va réussir à ne pas se perdre en suivant le fil d'Ariane et à vaincre le frère de celle-ci, monstre quj empêchait d'en ressortir. Dans la Grèce ancienne, la danse des grues, rite de passage pour les jeunes gens des deux sexes, reprend le thème du labyrinthe. Les danseurs devaient tourner en double cercle dans une chorégraphie mixte qui rappelle le Walungari des initiations du Nord-Ouest australien : deux spirales enchevêtrées tournent en sens inverse, une ligne d'hommes et une ligne de femmes qui finissent par s'associer en couples deux par deux
Certains pensent d'ailleurs que le fameux disque de Phaestos, couvert d'idéogrammes jamais déchiffrés, symbolise le parcours initiatique de Thésée et que ses deux faces, de 31 cases chacune, représentent le labyrinthe conduisant du monde des vivants à celui des morts et revenant du monde des morts à celui des vivants.
Le jeu de l'oie moderne, avec ses 63 cases se déroulant en une double spirale, déploierait sur un seul plan les deux sens du parcours que séparait le disque de Phaestos. La case supplémentaire ne serait alors que le dédoublement de la case centrale du disque. On pourrait en effet imaginer que l'initié (ou le joueur ?) antique, après avoir parcouru la spirale de l'extérieur vers le centre sur une face, passait en quelque sorte de l'autre côté du miroir et faisait, sur l'autre face, le parcours en sens inverse. On remarque en tout cas que la case 31 du disque de Phaestos, c'est-à-dire sa case centrale, porte apparemment deux signes lisibles : une pierre et de l'eau. Est-ce par ce «puits » plongeant dans les profondeurs de l'abîme que se rejoignaient les deux mondes ?
On peut encore faire un rapprochement avec les fameux molas Le mola est une sculpture sur tissus produite traditionnellement par les femmes amérindiennes Cuna, ou Kuna, (c'est le nom que leur donnent les étrangers) du peuple Tulé (c'est le nom que ce peuple se donne lui-même), peuple vivant, pour l'essentiel, sur le territoire autonome du Kuna Yala, à Panama. D'autres petits groupes cunas vivent à Panama dans l'isthme de Darièn et en Colombie, dans de l'embouchure du fleuve Atrato. Les molas constituent les plastrons et les dossards des tuniques dont se vêtent quotidiennement les femmes Tulé.
Extrait du mythe des indiens kuna il évoque les couches des tissus mais aussi les divers mondes
La terre a plusieurs couches, plusieurs pilli.
En chacune vivent des esprits et leurs maîtres.
Seul le chamane peut les visiter.
Dans la deuxième, il voit les choses d’ici,
Sauf les montagnes, qui sont moins hautes.
La troisième couche aussi est comme ici,
sauf le paysage, qui est plat.
Mais les chamanes ne peuvent pas aller plus loin.
Seuls ceux d’antan ont pénétré la quatrième couche.
Au-delà des huit couches,
il y aurait un autre monde
Retour au mythe hopi :
Bien que le sens essentiel du mythe hopi, ainsi que celui du symbole qui l'exprime, soit subjectif, il a aussi une interprétation plus littérale : les Hopis vinrent en Amérique à partir de l'Ouest, traversant l'Océan sur des radeaux en allant d'une « marche », ou île, à l'autre. Une interprétation semblable peut être donnée au mythe des Anciens Mayas Quiches, selon lequel l'eau se sépara pendant que les tribus traversèrent l'océan en utilisant des marches-de-pierre alignées sur le sable. « Pierre en Ligne, Sable sous la Mer » .
Les Hopis, par leur tradition sacrée, réfutent radicalement la croyance commune des anthropologues pour qui le sipapuni hopi, ou Place de leur Émergence, est le Grand Canyon du Colorado, 160 km à l'Ouest d'Oraibi. Pour les Hopis, le fleuve Colorado est simplement un symbole de la mer à l'Ouest, les falaises du Grand Canyon représentant les hautes montagnes s'étendant tout au long du Quatrième Monde, l'Amérique.
Cette tradition va aussi à l'encontre de la théorie qui veut que les Hopis, ainsi que tous les Indiens, soient venus d'Asie en Amérique par le Détroit de Bering. Mais en définitive elle ne répond pas à toutes les questions qu'il est normal de se poser. Quelle est l'ancienne race humaine d'où ont surgi les Hopis ? Où était le Troisième Monde des Hopis aujourd'hui submergé ? Quand exista-t-il ? Quelle est l'époque d'arrivée des Hopis en Amérique ?
Depuis Platon persiste la croyance en l'existence de continents antérieurs au déluge, c'est-à-dire à des époques géologiques lointaines. Il est certain que les masses émergées de notre planète n'ont pas toujours eu la même forme et n'ont pas toujours été au même endroit. D'après les résultats obtenus pendant l'Année Géophysique Internationale, il semble que d'autres continents aient autrefois existé. La théorie de la dérive des continents du géologue allemand Alfred Wegener tend à être mieux acceptée dans les milieux scientifiques.
Nos continents actuels se seraient séparés de masses continentales plus grandes et lentement dériveraient à la surface de la terre. Ces mouvements seraient provoqués par des courants de convection causés par la radioactivité du centre du globe, et ainsi la planète serait un grand gyroscope tournant indéfiniment selon un angle fixe. Cela peut être considéré comme une interprétation moderne de la connaissance hopi dans laquelle les jumeaux Pôqunghoyu et Palôngawhoya personnalisent les polarités inverses d'un grand courant magnétique par lequel le globe terrestre est maintenu en rotation constante, ce qui provoque une lente dérive des masses continentales. On sait aussi, maintenant, qu'en plus de la dérive des continents il y eut pour le pôle nord magnétique des directions différentes à diverses époques, le pôle ayant été une fois au milieu de l'Océan Pacifique, et une autre fois dans l'actuel Sud-Ouest des États-Unis. Le mythe hopi de la création semble indiquer un semblable déplacement lorsqu'il affirme que l'axe polaire de la terre quitta en s'inclinant le Troisième Monde pour s'établir en terre hopi, dans le Quatrième Monde. Il y a des évidences zoologiques et botaniques pour confirmer l'hypothèse géologique, car bien des plantes et des animaux furent, selon la tradition hopi, apportés du « monde » précédent.
Le mythe hopi de la création peut, ou non, être considéré comme un récit d'événements préhistoriques, mais, aussi simple soit-il, il n'y a aucun doute quant à la valeur du mysticisme ésotérique qu'il renferme. L'homme est créé parfait, à l'image de son Créateur. Puis « fermant la porte » — c'est-à-dire de l'état de grâce se laissant aller à l'expression naturelle de sa propre volonté humaine — il entreprend une très lente ascension vers le retour à la perfection. Il a en lui plusieurs centres psychiques, et à chaque étape de son évolution l'un d'eux a un rôle prédominant. Pour chacune de ces étapes, un monde nouveau, adapté au développement du corps humain est créé pour lui permettre d'évoluer. Lorsqu'une période de développement s'achève par une destruction catastrophique du monde et de l'humanité, l'homme passe à l'étape suivante »
Le livre du hopi.
Suite et complément : sur le labyrinthe le magnifique texte de Borges
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