Le nom du Blog « Polis » a affaire d’entrée avec la démocratie et avec l’origine de celle-ci dans la Grèce ancienne .
Polis a forgé l’étymologie de notre mot politique-- ce qui concerne l’organisation de la « cité ».
Revenir à cette tradition implique de retrouver l’esprit de ce que les Athéniens du 5ème siècle A..C. ont institué par leur démocratie directe, en un mot le sens du politique : l’idée simple mais fondamentale que les hommes libres, par delà la violence, la contrainte et la domination, doivent avoir entre eux des relations d’égaux ; ils ne doivent être appelés à commander ou à obéir que sous la pression de la contrainte et au contraire s’efforcer de régler leurs affaires par le débat et la persuasion mutuelle.
Cet idéal fut pourtant remis en question dès l’origine .Platon qui fonda la tradition dominante en matière de philosophie politique ne voyait dans une cite de dix mille hommes qu’une centaine, tout au plus capable d’acquérir le savoir du politique .Prenant l’exemple de la « science » de l’expert, médecin, navigateur, architecte pour fustiger l’ignorance de la « multitude », il en tirait la conclusion que seule une élite sélectionnée et formée à cet effet devait diriger la « République ».
Force est de constater que ce vieux débat est plus que jamais d’actualité comme le démontrent nombre d’événements politiques de ces dernières années et qui font qu’on parle de crise du politique ou de crise de la démocratie :
Dans les manifestations de la crise institutionnelle précédemment évoquée doit on déplorer une indifférence de nature du citoyen ou au contraire détecter l’expression d’une toute autre exigence démocratique ? en témoigneraient à l’encontre du désintérêt, de multiples expériences et une multiplication des champs d’intervention citoyen : conseils de quartiers français, jurys citoyens en Allemagne et en Espagne, usage suisse du référendum ou politiques participatives de gestion de l’eau en Afrique(sans parler de l’antique tradition du palabre), ces expériences : forums citoyens, collectifs civiques, floraison des associations permettent de constater que, dans des domaines concrets, les citoyens veulent prendre en main leur destin, qu’ils se préoccupent de l’intérêt général de manière non partisane, qu’ils introduisent de l’horizontalité dans un système vertical.
Paradoxe : toutes ces manifestations civiques, rencontrent désormais une audience croissante chez nombre de dirigeants politiques voire de technocrates et ce, sous le concept "flou" de « démocratie participative » (on a abandonné démocratie directe ou autogestion) ; en témoigne l’importance qu’ont prise dans notre langage les notions de « gouvernance » et de société civile. Dans les débats régionaux, dans les objectifs politiques de la ville, dans les « Pays » institués par la loi Voynet, la participation constitue un récitatif obligé, un brevet de démocratie pour qui l’exhalte..
Avancée décisive ou alibi ? Idéal qu’il faut invoquer et célébrer, à condition par contre de ne pas trop le pratiquer ? La référence obligée à la démocratie participative s’accompagne le plus souvent de dénégations et de mises en garde devant ses dangers tout de suite fortement soulignés : danger d’ébranler la démocratie représentative (comme si elle n’était pas en crise), danger de retrouver des minorités agissantes, insuffisance toujours du citoyen lambda qui n’a pas le temps de s’informer ou de délibérer (comme si la représentation échappait à ce problème) .
On a souligné l’importance nouvelle des blogs dans les débats démocratiques. la finalité de celui-ci est justement de susciter un dialogue auutour de l'idée de "démocratie participative" pour en éclairer la nature, en explorer les possibilités, en cerner les limites.
Les professionnels de la Politique ainsi que les « élites » déplorent le comportement « sauvage » des simples citoyens : (abstentions, votes protestataires, manifestations déterminées de refus, et qui témoignent d’un malaise grandissant de notre démocratie représentative. On en tire pourtant toujours le même argument à des fins méprisantes pour démontrer que ces citoyens ne veulent pas, ne peuvent pas ou ne savent pas participer à la vie politique ; au mieux ils seraient tout juste aptes à désigner leur dirigeants .C’est d’ailleurs le paradoxe du libéralisme de postuler à la fois dans tous les domaines, éducatifs, économiques, et politiques l’illusion d’individus définissant souverainement leurs buts, tout en déplorant en même temps leur conservatisme ou leur archaïsme ignorant, dès qu’il s’agit d’économie ou de choix politique. La conclusion s’impose d’elle-même : laisser le pouvoir aux professionnels, aux experts, aux techniciens, voire aux avants garde « éclairées » de militants. Ce qu’on a appelé la « pensée unique » revient à croire qu’il n’existe qu’une seule lecture vraie de la réalité, un seul sens de l’histoire et donc une seule solution politique qui s’imposerait à tous au nom de cette vérité (économique par ex). Idée fataliste et de surcroît dangereuse parce que partagée par tous les totalitarismes et les théocraties.
- Revenir aux fondements théoriques de la démocratie dans la lignés d’auteurs comme H.Arendt, C.Castoriadis ou CL.Lefort. tradition minoritaire mais qui ose penser la démocratie radicale , critiquer l’expert roi et la politique comme savoir .
- Multiplier les réflexions, les exemples et les témoignages d’expériences pratiques d’intervention citoyenne .
- Susciter commentaires et controverses. manifestation obligée du débat démocratique et de la vitalité de celui ci .
La conclusion revient justement à H.Arendt nous proposant comme modèle de pensée politique non pas un savoir unique d’expert mais « un mode de penser élargi » c'est-à-dire simplement « la faculté de penser en se mettant à la place et à l’écoute de tout être humain »
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