En guise d’introduction :
Maintenant va de l’avant comme quelqu'un
Qui a la longue vie,
Va de l’avant comme quelqu'un qui est heureux,
Va avec le bonheur et la longue vie,
Va mystérieusement. »
(Mythe de l’émergence navajo)
Me dirigeant vers le vieil âge
Sur la piste de la beauté . ;
Puisse-je marcher. ?
Le tort de l'Occident a été d'avoir réduit la fonction de l’art à un ordre seulement esthétique.. Il est aberrant inversement de dénier un sens esthétique aux cultures traditionnelles
Dans mes articles sur les Lobis et la sculpture africaine , je concluais :
Il apparaît donc qu'une division des catégories - fonctionnelle, sociale, religieuse ou esthétique - est une erreur méthodologique, voire épistémologique : elles sont si étroitement imbriquées que s'il est absurde de dire que les bateba sont uniquement des objets fonctionnels ou symboliques, il ne l'est pas moins d'avancer qu'ils ne seraient que des objets d'art.
Autrement dit : il ne s'agit pas de savoir si les thil-bia sont ou décoratifs ou socioreligieux, ils peuvent être et l'un et l'autre, tout comme il ne s'agit pas davantage de savoir s'ils sont purement esthétiques, alors qu’ils à la fois sont et esthétiques et fonctionnels
Peut être y a-t-il plus : « l’art de ces cultures, outre qu’il nous montre en miroir, les fondamentaux et les impensés de notre esthétique (exposition et contemplation), pourrait renouveler ou approfondir notre conception du beau :
« une voie de la beauté » comme « beauté agissante ».
Moi, je suis l'esprit à l'intérieur de la terre ;
Les pieds de la terre sont mes pieds ;
c'est beau en vérité [répété trois fois].
Les jambes de la terre sont mes jambes ;
c'est beau en vérité [répété trois fois].
La force physique de la terre est ma force physique ;
c'est beau en vérité [répété trois fois].
Les pensées de la terre sont mes pensées ;
c'est beau en vérité [répété trois fois]……
(Mélopée de l'Esprit de la Terre. Rituel de guérison.) Dans cette mélopée, L’esprit de la terre n'est plus distinct de l’être humain. Femme-Changeante est une partie de l'essence de l’homme, comme il est une partie de la sienne. La transformation conduisant à la guérison du patient s'opère à travers la beauté de son image.
Georges Canguilhem, le maître de Michel Foucault, écrit dans L'Idée de guérison : « Une chose est d'obtenir la santé qu'on croit mériter, autre chose est de mériter la santé qu'on se procure. En ce dernier sens, la part que le médecin peut prendre à la guérison consisterait, une fois prescrit le traitement requis par l'état organique, à instruire le malade de sa responsabilité inégalable dans la conquête d'un nouvel état d'équilibre
Peut-on mettre en parallèle de ton exemple la fonction et la beauté des retables. Par exemple, je sais que le retable d'Iseinheim était placé dans un couvent , plus précisément dans la salle d'hopital (c'était des malades souffrant d'une maladie particulière je crois me souvenir) et que l'enseignement que le retable portait au-delà du message Promesse d'une vie d'en l'au-delà était certainement voie de la guérison. Avec mon exemple, il ne fait aucun doute que foi et beauté du retable sont liés.
Comment la beauté peut-elle agir si on n'a pas la foi en un dieu ? La foi en sa guérison ? la foi en sa propre force ?
"La transformation conduisant à la guérison du patient s'opère à travers la beauté de son image" : Par quel processus (peut-être en dehors de la foi?) faisons-nous que nous pouvons avoir accès à la beauté de "notre" image ? (je fais peut-être une erreur de lecture?)
"L’esprit de la terre n'est plus distinct de l’être humain" : j'arrive à le concevoir par la musique, les chants mais avec les images ? Faut-il les crééer pour arriver à devenir esprit de la terre? Je suppose que le mot "spectateur" n'est plus juste.
Rédigé par : Lyliana | mercredi 27 sep 2006 à 20h44