ESPACES DE CULTURES ,ANTHROPOLOGIE,PHILOSOPHIE,VOYAGES...
SUIVEURS DE PISTES,DE SAISONS ,LEVEURS DE CAMPEMENTS DANS LE PETIT VENT DE L'AUBE ; Ô CHERCHEURS DE POINTS D'EAU SUR L'ECORCE DU MONDE. Ô CHERCHEURS,Ô TROUVEURS DE RAISONS POUR S'EN ALLER AILLEURS"...
SAINT JOHN PERSE .ANABASE.
Ci-dessous un mythe Dan (cote d’ivoire) d’origine des masques.
Si l’homme était reste pur, il aurait conservé sa force ; toutes les connaissances étant à sa portée, la mort aurait tenté en vain de s’établir, chassée à tout coup par la vertu des plantes, des herbes, tenue en respect par la présence du créateur : mais celui-ci s’étant retiré, avec lui s’en alla le principe de la vie, de la santé ; la maladie survint avec son cortège de faiblesses et de misères. L’insécurité donna naissance à l’égoïsme, chacun cherchant à faire provision de forces, de biens, en affaiblissant, en appauvrissant les autres. Les plus forts réduisirent les faibles en esclavage, d’où les luttes et le règne du crime - entre maîtres et esclaves, entre esclaves, entre maîtres, entre riches et pauvres, entre pauvres, entre riches. Tous les esprits, agents et messagers de Dieu pour la terre ne s’essaient pas retirés avec lui, mais impuissants désormais à se faire entendre de l’homme, à inspirer l’homme, ils s’étaient retirés loin du contact de l’homme, au plus profond des forêts. Quant à ceux qui ne s’étaient pas retirés assez vite du voisinage de l’impureté, quelques-uns, à leur tour, succombèrent et péchèrent, mettant le comble à ce qui était devenu l’apanage du roi de la création : les débauches et la cruauté.
La situation, intolérable, s’en allait, se propageant, et Dieu ne bougeait pas, se disant que l’humanité stupide avait à sa disposition toute la sagesse dont elle pouvait avoir besoin, si seulement elle s’arrêtait pour penser. Le roi et l’instructeur s’étant dégradé, qui pouvait désormais enseigner les voies de la sagesse ? Il y eut toutefois un village où les choses semblaient s’être moins corrompues qu’ailleurs. Peut-être la vraie fille de Dieu avait-elle été son partage, et l’un des bons Esprits de la Forêt imagina de ramener l’ordre par le biais de ce village. Il lui fallait prendre ce village en main et faire de ses hommes les instructeurs du monde, mais là aussi les coeurs s’étaient endurcis, les esprits alourdis, et il n’y avait pas moyen pour l’Esprit d’entrer en dialogue avec l’homme même en cet endroit, parce que, malgré une certaine retenue, l’homme ne priait plus, ne se tournait plus vers l’Invisible. Il n’y avait d’autre recours pour cet Esprit que de prendre l’apparence de l’homme. Ainsi se transforma-t-il en un visage, une face, un masque ; mais ce faisant, il perdit aussi la force qui l’avait animé : cette faculté qui fait d’un esprit né en vol un être vivant en liberté. Etant devenu ce masque, l’Esprit tomba de son arbre-reposoir. Et parce qu’il était devenu un homme, plus exactement, parce qu’il avait pris l’apparence d’un homme, les autres Esprits ne purent ou ne voulurent pas lui venir en aide. Seul l’homme pouvait désormais l’aider en l’adoptant, en le soignant, finalement en se soumettant à ce qu’il apportait et qui était plus grand que l’homme et que lui-même, à la sagesse, à l’enseignement de la sagesse. C’était à portée de main, en apparence tout simple, mais le masque tombé ne pouvait bouger et dut attendre à l’endroit où il avait chu, dans l’humus et la rose, exposé à toutes les salissures ; et puisqu’il était d’essence immortelle il ne pouvait périr : un Dieu rendu impuissant par sa propre volonté, s’identifiant à l’homme, devenu plus faible que l’homme, un nouveau-né parmi les êtres créés. Et un jour il se mit à chanter, se lamentant de son impuissance, de ses désirs restés vains, de ses espoirs. Il disait en chantant ce qui aurait pu être et n’avait pas été, s’interrogeant en sanglotant : cela serait-il jamais ? Or, tandis que leurs hommes étaient partis loin à quelque fête, les femmes du village entrèrent dans la forêt pour recueillir, quelques-uns disent des champignons, d’autres des termites. Etant entrées dans le bois plus loin qu’à l’ordinaire, elles entendirent, certains disent un chant, d’autres une plainte, disons que c’était une chanson triste, une complainte, comme pouvait en chanter un dieu prisonnier de l’humaine fragilité. Les femmes se rassemblèrent ; celles qui s’étaient écartées furent rappelées, et sur la pointe des pieds elles s’approchèrent de la voix, et d’abord elles ne purent rien voir, parce que l’herbe et les épines avaient recouvert la face et elles crurent que le chant venait d’en has, qu’il était peut-être la plainte d’un trépassé, mais quelques-unes pensèrent qu’il venait d’un chasseur blessé, et elles avancèrent, serrées les unes contre les autres en une masse compacte, mais elles ne formèrent pas un cercle ; ces mots sont importants : elles ne formèrent pas un cercle, elles allèrent de l’avant, serrées en une masse tremblante, gélatineuse, liées par une commune peur, les plus braves en avant, et la plus brave d’entre les braves saisit une gaule, écarta les herbes, et devant elles : les yeux exorbités, les joues creusées et ravinées, les dents énormes, déchaussées, grimaçantes, devant elles était, dans son horreur, Le Masque. Jetant au loin sacs et paniers, se poussant, bataillant pour s’échapper, courant comme si leur vie en dépendait, aucune ne voulant traîner la dernière, coupant à travers les herbes, les lianes, les épines, de leurs corps nus maintenant saignants, dans un tumulte de cris, les femmes, en une galopade éperdue, s’enfuirent vers leur clairière, vers la sécurité des huttes où elles se barricadèrent, n’en sortant qu’à l’arrivée de leurs époux, encore effrayées et tremblantes, et les hommes ne comprirent d’abord pas grand chose à leurs récits, bien qu’ils sentissent entrer en eux aussi le petit froid de la peur, car la peur est contagieuse. Le lendemain, les mâles s’armèrent contre l’inconnu, qui d’arcs et de flèches, qui de lances et de frondes, qui de coutelas, et ils entrèrent dans la foret. Suivant la route indiquée par les femmes, ils entendirent bientôt la plainte qui était un chant. Tout aux alentours était tranquille, et ils formèrent un cercle autour du chant, allant chacun droit devant soi à travers les herbes et les arbres, un cercle qui se resserrait, chacun allant tout droit devant sa propre trace, jusqu’à se voir tous en un cercle de lances, de flèches, de harpons, de lames nues, se sentant rassurés parce qu’ils se voyaient résolus, et s’aimant les uns les autres de se trouver frères en courage. Leur cercle se referma, et si quelque bras s’était levé, prêt à frapper, aucun coup cependant ne fut porté quand les herbes écartées révélèrent, yeux exorbités, joues ravinées, dents grimaçantes, dans sa lamentable humanité, « Le Masque ». L’un d’entre eux dit aussitôt : Il est des nôtres ; et cette phrase était l’écho de ce que chacun s’était formulé tout bas : il est semblable à nous. Les herbes furent écartées, les végétations épineuses arrachées. Avec des mains tendres, ces hommes rudes nettoyèrent le masque, le tournant et le retournant comme fait une mère de l’enfant au berceau. Avec un soupir, le masque s’était arrêté de chanter, reposant doucement comme un voyageur au bout de son périple, comme un enfant rafraîchi s’endort. En dépit de son silence et de son immobilité, ses sauveurs savaient qu’il n’était pas mort, comme aussi, mystérieusement, ils surent qu’il était sans malice. Tous eurent la même pensée, « Les Folles » ! Référant à leurs épouses, et ils décidèrent entre eux de ne pas emmener le masque au village. « Construisons ici... » et ils ne savaient exactement que construire. Ils savaient seulement que c’était un lieu à partager entre eux et lui, et ils commenceront à élever une haie. Comment ils en aménagèrent l’enceinte, ce qu’ils y mirent ou y construisirent, c’est leur secret, mais la clairière fut achevée ce même jour. Là ils communièrent avec lui en affection, et ainsi naquit la première Société, ses secrets protégés des profanes par une haute haie, et ainsi naquit la première école d’initiation ou l’Esprit, relevé par l’homme, ayant pris force, prit aussi forme avec la face de l’homme et les vêtements de la Forêt : herbages, fourrures, plumes et tissus ; et, comme il s’était mis à enseigner, tous furent sous sa houlette, unis en soumission. Ainsi, jusqu’à ce jour, à travers une succession des « Bois Sacrés », tous héritiers de ce premier, la tradition a été gardée de soumettre tous les enfants mâles aux rites de puberté, aux enseignements de l’Esprit et de tenir éloignées des arcanes hermétiques celles qui avaient eu leur chance et l’avaient laissée se perdre
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Les carnavals masqués , continuent à rendre hommage aux mythes anciens un peu partout . Habillé sous forme de chèvre, de diable, d’ours ou de monstre avec mâchoire en acier, « l’homme sauvage » appartient au monde de ces mythes.
Le photographe Français Charles Freger découvre le Krampus ) à Salzburg lors d’une mascarade. - créature démoniaque, née dans des pays comme l’Autriche, la Bulgarie ou la Slovénie. Fasciné par la rencontre, il se mit à la recherche des divers figures du mythe dans une chasse photographique à travers, ce qu’il appelle « l’Europe tribale ».
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