Le chant des pistes : notes de lecture Bruce Chatwin un écrivain –nomade
Né en 1940 en Angleterre, Bruce Chatwin entre à dix-huit ans chez Sotheb's comme coursier où, rapidement, il occupe les fonctions de documentaliste, puis d'expert et de directeur. En 1961, premier voyage à Venise et au Caire. Désormais sa vie sera partagée entre les voyages (Asie, Afrique, australie, Inde et Himalaya, Amérique du sud, Europe Centrale, etc.), l'art et l'écriture.
Le petit Bruce se prend dès l’enfance de passion pour les atlas, développant son imaginaire en relevant les noms des lieux à consonance exotique et admirant les images colorées de la faune : coyotes, martins-chasseurs, ornithorynques, dingos. À dix-sept, il lit Baudelaire, Nerval, Rimbaud.
Il pratiqua le métier d’expert en art et on lui promettait une brillante carrière mais il l’abandonna pour devenir journaliste, profession dont il conservera les techniques narratives .Conteur, qui mêle constamment réalité et imagination et dont le regard sur les choses gardera toujours sa naïveté première, il prend plaisir à mélanger choses vues et récits glanés auprès de personnages « décalés » sur les lieux par où il passe ou dans d’innombrables publications dénichées dans les bibliothèques.
L'atmosphère du monde de l'art me rappelait la morgue. 'Toutes ces merveilles qui vous passent entre les mains', me disait-on et je regardais mes mains en pensant à lady Macbeth On me complimentait pour mon œil et, par esprit de rébellion, mes yeux me lâchèrent. Après un voyage de travail exténuant à New York, je m'éveillai un matin à moitié aveugle. L'ophtalmologiste ne trouva aucune anomalie organique. Peut-être regardais-je les tableaux de trop près ? Peut-être devrais-je essayer de lointains horizons ? L'Afrique peut-être ?
Une existence placée sous l’inspiration de Rimbaud, Qu'est-ce que je fais ici ? " écrivait Rimbaud aux siens d'Éthiopie. Tout au long de sa vie, Bruce Chatwin sera fasciné par le poète français et comme lui il chercha à emmener avec lui tous les paysages possibles.
«Mon dieu est le dieu des marcheurs. Si vous marchez assez longtemps vous n’avez probablement besoin d’aucun autre dieu.»
"Le mieux est de marcher. Nous devrions suivre le poète chinois Li Bo dans les "difficultés du voyages et les nombreux embranchements du chemin". Car la vie est une traversée du désert."
Comme Rimbaud, Bruce Chatwin meurt dans le sud de la France, le 18 janvier 1989. Comme Rimbaud, le personnage et sa mort garde leur mystère. Quelques années après sa mort, les journaux annonceront que Chatwin est mort des suites d'une infection liée au sida » Chatwin est repartit mais lui-même lors de sa grave maladie s’est plu à brouiller les pistes :
Quand je suis venu ici pour la première fois, ils m'ont dit que j'avais une mycose de la moelle, et que j'avais dû attraper ça dans une grotte en Chine. Phénoménal! Tellement rare qu'avant moi la littérature médicale n'en mentionne que neuf cas. Je suis le dixième! En plus ils m'ont dit pourquoi j'avais chopé ça, Tu sais pourquoi? J'ai chopé ça parce que j'ai le sida. Ils m'ont annoncé que je n'en avais plus que pour six mois ou un an. Alors je me suis dit : bon, jamais je ne tiendrai le coup. Jamais je ne pourrai m'y faire. Jamais je ne pourrai m'atteler à mon gros bouquin sur les nomades... Vois pas comment j'pourrais mettre en forme toutes mes notes... et jamais je n'accepterai de me voir dépérir, grignoté dans ma tête, en foirant partout" Chatwin ajoutera : " Mais le voyage lui-même peut devenir une tyrannie. Plus vous voyagez et plus vous faites collection d'endroits. Je n'en peux plus de cette collection…..
Je n’irai plus nulle part…..
Les célèbres carnets noirs de moleskine avaient pour but de préparer un livre sur le nomadisme,. une sorte d' Anatomie de l'errance " )" Un des principaux fils conducteurs de l’œuvre de Chatwin est l’opposition entre le sédentarisme et le nomadisme. Il ne cessera de défendre le mode de vie nomade pratiqué par les chasseurs-cueilleurs avec ses rapports sociaux égalitaires fondés sur le communautaire, l’échange, la réciprocité, la loi de la frugalité (on travaille juste pour ce qu’on a besoin) et le refus d’accumuler. Une idéologie de partage et de loisirs en opposition avec le mode de vie sédentaire imposé par l’agriculture, dont les structures s’établissent sur la redistribution inégalitaire, la hiérarchisation sociale, la propriété individuelle, le surplus et la production.
En devenant humain, l'homme aurait acquis, en même temps que la station debout et la marche à grandes enjambées, une "pulsion" ou instinct migrateur qui le pousse à marcher sur de longues distances d'une saison à l'autre. Cette "pulsion" serait inséparable de son système nerveux et, lorsqu'elle est réprimée par les conditions de la sédentarité, elle trouve des échappatoires dans la violence, la cupidité, la recherche du statut social ou l'obsession de la nouveauté.
"La FUITE (c'est là une raison personnelle pour écrire ce livre). Pourquoi ne puis-je tenir en place quand je suis resté au même endroit pendant un mois, pour devenir carrément insupportable au bout de deux? (Je suis, je dois l'admettre, un cas difficile)"
Chatwin passera beaucoup de temps dans les bibliothèques et sur le terrain à rencontrer des anthropologues et ethnologues, pour recueillir des données qui viendraient étayer sa thèse " impubliable " en faveur du nomadisme, dont il se servira pour écrire Le chant des pistes
Notre nature, écrivait Pascal, est dans le mouvement. La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement." Divertissement. Distraction. Fantaisie. Changement de mode, de nourriture, d'amour, de paysage. Sans changement notre cerveau et notre corps s'étiolent. L'homme qui reste tranquillement assis dans une pièce aux volets clos sombrera vraisemblablement dans la folie, en proie à des hallucinations et à l'introspection.
le chant des pistes
c’est un livre patchwork, qui a pour décor l'Australie, fait de portraits saisissants, d'impressions visuelles, de réminiscences d'anciens voyages et de nombreux aphorismes, on retrouve la passion de l'auteur pour la vie nomade et son mode d'existence. Le sujet prétexte du livre est pourtant simple :
C’est en chantant le nom de toutes choses (animaux, plantes, rochers, lieux) que les ancêtres des aborigenes ont fait venir le monde à l’existence. C’était le Temps du Rêve. Ces chants, ce réseau de repères, ce labyrinthe où s’inscrit leur histoire, encore parfaitement connus aujourd’hui des aborigènes, sont devenus un peu comme une religion, un rituel. Marcher dans les pas de ses ancêtres sans changer un mot ni une note c’est assuré le maintien de la Création. D’où les problèmes quand un projet de ligne de chemin de fer doit traverser un de ces lieux chantés.
Comme toujours avec Chatwin le récit est très vivant. Au lieu de nous expliquer, de nous raconter, il reproduit beaucoup de dialogues ; il met en scène des personnages pittoresques , surtout les aborigènes, dont on peut se demander (y compris à propos de leur peinture) si ce ne sont pas de formidables manipulateurs (des défenseurs de leur droit territoriaux ou des marchands de tableau) : «les aborigènes, avec leur terrifiante immobilité, tenaient, d’une façon ou d’une autre, l’Australie à la gorge. Il se dégageait une formidable impression de puissance chez ces gens apparemment passifs qui restaient assis, observaient, attendaient et manipulaient la culpabilité de l’homme blanc »
Extraits
Ce fut durant la période où il exerça le métier d'instituteur qu'Arkady apprit l'existence du labyrinthe de sentiers invisibles sillonnant tout le territoire australien et connus des Européens sous le nom de songlines, « itinéraires chantés » ou « pistes des rêves » et des aborigènes sous le nom d'« empreintes des ancêtres » ou de « chemins de la loi ».
Lemythes aborigènes de la création parlent d'êtres totémiques légendaires qui avaient parcouru tout le continent au Temps du Rêve. Et c'est en chantant le nom de tout ce qu'ils avaient croisé en chemin — oiseaux, animaux, plantes, rochers, trous d'eau — qu'ils avaient fait venir le monde à l'existence……..
En amenant le monde à l'existence par le chant, dit-il, les ancêtres avaient été des poètes dans le sens grec du mot poiêsis, la « création ». Aucun aborigène ne pouvait concevoir que le monde créé pût être imparfait. Sa vie religieuse tendait vers un but unique : conserver la terre comme elle était et comme elle devait être. Celui qui partait pour un walkabout accomplissait un voyage rituel. Il marchait dans les pas de son ancêtre. Il chantait les strophes de l'ancêtre sans changer un mot ni une note — et ainsi recréait la création.
«Parfois, dit Arkady, j'emmène mes "anciens" dans le désert et, arrivés sur une rangée de dunes, ils se mettent soudain à chanter. Je leur demande : "Qu'est-ce que vous chantez, vous autres ?" et ils me répondent : "On chante le pays, patron. Ça le fait venir plus ite." »
Au commencement...
Au commencement la Terre était une plaine sans fin, obscure, séparée du ciel et de la mer grise, étouffant dans une pénombre crépusculaire. Il n'y avait ni soleil ni lune ni étoiles. Cependant, bien loin, vivaient les habitants du ciel, êtres jeunes et indifférents, humains de forme, mais possédant des pattes d'émeu et une chevelure dorée étincelante comme une toile d'araignée dans le soleil couchant, sans âge et insensibles aux atteintes des ans, existant depuis toujours dans leur vert paradis bien arrosé, au-delà des nuages de l'ouest.
A la surface de la Terre, il n'y avait que des trous qui deviendraient un jour des points d'eau. Aucun animal, aucune plante, mais autour de ces sources étaient rassemblés des amas de matière pulpeuse, des restes de la soupe primordiale — silencieux, sans souffle, ni éveillés ni endormis — contenant chacun l'essence de la vie ou la possibilité de devenir humain.
Sous la croûte terrestre, cependant, les constellations luisaient, le soleil brillait, la lune croissait et décroissait et toutes les formes de vie gisaient endormies — la fleur écarlate du pois du désert, le chatoiement de l'aile du papillon, les moustaches blanches et frémissantes du Vieil Homme Kangourou — tous en sommeil comme les graines du désert qui doivent attendre l'averse vagabonde.
A l'aube du premier jour, le Soleil eut envie de naître (bientôt suivi ce soir même par les étoiles et par la Lune). Le Soleil creva la surface de la Terre l'inondant de sa lumière dorée, réchauffant les trous sous lesquels dormaient les ancêtres.
Contrairement aux habitants du ciel, ces ancêtres n'avaient jamais été jeunes. C'étaient des vieillards boiteux, épuisés, les membres noueux et ils dormaient seuls, depuis toujours.
Ainsi, en ce premier matin, chaque ancêtre endormi sentit la chaleur du soleil sur ses paupières et sur son corps qui donna naissance à des enfants. L'Homme-Serpent sentit des serpents se glisser hors de son nombril. L'Homme-Cacatoès sentit des plumes. L'Homme-Larve ressentit un frétillement, la Fourmi à miel un chatouillement, le Chèvrefeuille sentit ses feuilles et ses fleurs se déplier. L'Homme-Péramèle sentit de petits péramèles grouiller sous ses aisselles. Chaque « chose vivante », chacune en son lieu de naissance, cherchait à atteindre la lumière du jour.
Au fond de leurs trous (à présent remplis d'eau), les anciens passèrent d'une jambe sur l'autre. Ils remuèrent les épaules et s'étirèrent. Ils se soulevèrent et traversèrent la boue. Leurs paupières craquelèrent et s'ouvrirent. Ils virent leurs enfants qui jouaient au soleil.
La boue tomba de leurs cuisses, comme le placenta d'un bébé. Puis, tel le nouveau-né qui pousse son premier vagissement, chaque ancêtre ouvrit la bouche et cria : « JE SUIS! » « Je suis... Serpent-Cacatoès... Fourmi à miel... Chèvrefeuille... » Et ce premier « Je suis ! », cet acte primordial de nomination, fut considéré, alors et pour toujours, comme la strophe la plus secrète du chant de l'ancêtre, la plus sacrée.
Chacun de ces anciens (baignant alors dans la lumière du soleil) avança son pied gauche et nomma une chose. Il avança son pied droit et en nomma une autre. Il nomma le point d'eau, les rose ,les gommiers... donnant des noms de tous côtés, appelant à la vie toutes choses et tissant leurs noms dans des strophes.
Les anciens s'ouvrirent un chemin dans le monde entier par leur chant. Ils chantèrent les rivières et les montagnes, les lacs salés et les dunes de sable. Ils chassèrent, mangèrent, firent l’amour, dansèrent, tuèrent : partout où les portaient leurs pas, Elis laissèrent un sillage de musique. Ils enveloppèrent le monde entier dans un réseau de chants; et, enfin, lorsque la Terre fut chantée, la fatigue les envahit. De nouveau ils ressentirent l’immobilité glacée des temps. Certains s'enfoncèrent dans le sol là où ils se trouvaient. D'autres se[glissèrent dans des cavernes. D'autres encore regagnèrent en rampant leur « demeure éternelle », le point d'eau ancestral où ils étaient venus au jour. Et tous s'en retournèrent sous terre.
Lors de sa traversée du pays, chaque ancêtre avait laissé dans son sillage une suite de mots et de notes de musique ces pistes de rêve formaient donc dans tout le pays des « voies » de communication entre les tribus les plus éloignées. Les aborigènes ne pouvaient pas croire que le pays existait avant qu'ils ne l'aient vu et chanté — exactement comme au Temps du Rêve, le pays n'avait pas existé tant que les ancêtres ne l'avaient pas chanté.
Un chant, dit-il, était à la fois une carte et un topo-guide. Pour peu que vous connaissiez le chant, vous pouviez toujours vous repérer sur le terrain.
En théorie, du moins, la totalité de l'Australie pouvait être lue comme une partition musicale. Il n'y avait pratiquement pas un rocher, pas une rivière dans le pays qui ne pouvait être ou n'avait pas été chantée. On devrait peut-être se représenter les songlines sous la forme d'un plat de spaghetti composé de plusieurs Iliade et de plusieurs Odyssées, entremêlées en tous sens, dans lequel chaque « épisode » pouvait recevoir une interprétation d'ordre géologique.
Dans la brousse, à quelque endroit que vous soyez, vous pouvez indiquer n importe quel point caractéristique du paysage et demander à l'aborigène qui vous accompagne : 'Quelle est l'histoire de l'endroit?" ou "Qui est-ce?" Immanquablement, vous vous entendrez répondre
Kangourou" ou "Perruche" ou "Lézard", selon l’ ancêtre qui est passé par là.
Au-delà des mots, il semble que le profil mélodique du chant décrive la nature du terrain su lequel il passe. Ainsi, lorsque l'Homme-Lézard traînait les pieds dans la traversée des chotts du la Eyre, on pouvait s'attendre à une succession de longs bémols comme dans la Marche funèbre de Chopin. S'il passait d'un escarpement des monts Macdonnell à l'autre, on aurait une série d'arpèges et de glissandos, comme dans les Rhapsodies hongroises de Liszt.
On pensait que certaines phrases, certaines combinaisons de notes musicales décrivaient le déplacement des pieds de l'ancêtre. Une phrase signifierait « lac de sel », une autre « lit de rivière », « spinifex », « dune », « steppe à mulgas », « paroi rocheuse », etc. Un « chanteur » expérimenté, en écoutant leur succession, pouvait compter le nombre de rivières que son héros avait traversées, le nombre de montagnes qu'il avait escaladées et en déduire à quel endroit de l'itinéraire chanté il se trouvait.
« II serait capable, dit Arkady, d'entendre quelques mesures et de déclarer : "C'est Middle Bore" ou "C'est Oodnadatta", là où l'ancêtre a accompli telle ou telle action.
— Ainsi les phrases musicales, dis-je, équivalent à des coordonnées cartographiques ?
La musique, dit Arkady, est une banque de données servant à trouver son chemin dans le monde.
Pour l’auteur, Les songlines des aborigènes ne sont peut-être pas si originaux ni isolés. En effet, que dire des menhirs et tumulus disposés en lignes en Grande Bretagne ; des lignes du dragon de la géomancie chinoise ; des pierres que chantent des Lapons ; des lignes de Nazca, dans le désert du Pérou central.
Ses carnets de voyage rapprochent ainsi le désert australien et les songlines des lignes de nazca péruviennes
{Oeuvres des Nazcas. peuple d'artisans sédentaires, les lignes reproduisent à grande échelle les dessins qui figurent sur les tissus et céramiques produits par ces Indiens de l'ère pré-inca. Si ces figures peuvent donc etre assimilées a des oeuvres d'art, leur signification laisse les spécialistes perplexes. Selon l’archéologue et mathématicienne Maria Reiche qui les nettoya et les cartographia: "Cette oeuvre a été exécutée pour que les dieux puissent la voir et, du haut de leur demeure céleste, aider les Indiens nazcas dans l'agriculture, la pêche et dans toutes leurs autres activités". Ainsi. la figure du singe serait, selon elle, le symbole précolombien de la Grande Ourse, constellation que les Indiens associaient à la pluie. En période de sécheresse. phénomène fréquent dans cette plaine ou il pleut à peine une demie-heure tous les deux ans, les Indiens dessinaient un singe afin que les dieux, lorsqu’ils baisseraient les yeux vers la terre, puissent voir que celle-ci se consumait de soif. Reiche a également su expliquer comment les Nazcas avaient pu réaliser d'aussi grands dessins parfaitement proportionnés. Elle a démontré qu'ils utilisaient comme unité de mesure la longueur de l'avant-bras (du coude à l'index) et pense qu'ils se servaient de cordes attachées à des poteaux pour former des cercles et des arcs qu'ils recoupaient par des lignes droites]
J’avais le sentiment écrit B.Chatwin que les itinéraires chantés ne se limitaient pas à l’Australie, mais constituaient un phénomène universel, le moyen par lequel les hommes marquaient leur territoire.»
Les principales pistes chantées semblent être apparues dans le nord ou le nord-ouest de l'Australie, elles sont nées dans des terres lointaines et ont dû franchir la mer de Timor ou le détroit de Torres Ensuite, elles ont serpenté vers le sud et traversé tout le continent. On a l'impression qu'elles représentent les itinéraires des premiers Australiens... et qu'elles sont venues d'ailleurs.
Quand cela s'est-il passé? Il y a cinquante mille ans ? Quatre-vingts ou cent mille ans ? Les dates de l'introduction des songlines sont, de toute manière, très récentes si on les compare à celles de la préhistoire africaine.
Et ici je voudrais faire part d'une vision fondée sur une conviction profonde, sans m'attendre guère cependant à ce que l'on me suive sur ce chemin.
Je vois des itinéraires chantés s'étendant sur tous les continents, à travers les siècles. Je vois les hommes laissant derrière eux vin sillage de chants (dont, parfois, nous percevons un écho). Et leurs sentiers nous ramènent, dans le temps et dans l'espace, à une petite zone isolée de la savane africaine où, au mépris des dangers qui l'entouraient, le premier homme a clamé la stance par laquelle s'ouvre le chant du monde : « JE SUIS ! »
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