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Au pays du bison, les troupeaux, estimés à soixante millions de têtes au xviii siècle, parcourent les plaines au rythme des saisons. Dans ce cadre va se développer, de 1750 à 1890, la culture de ceux que nous appelons les Indiens des Plaines. Pourtant, naissant au milieu du XVIIIe siècle pour s'éteindre à la fin du XIXe, la culture des Plaines, telle que nous la connaissons à travers les certains livres et un certain cinéma n'aura duré véritablement en tout que140 années
Une lecture attentive des premiers voyageurs documents, étayées par les travaux d'ordre scientifique et archéologique, permet de mieux cerner
Au cours des décennies, les chevaux se propagèrent donc sur le continent et dès, 1750, on peut dire que cette révolution équestre allait connaître son apogée et transformer radicalement la vie quotidienne des Indiens de cette date à 1800.. P eu de tribus, auparavant, vivaient au cœur des Plaines; elles préféraient les contreforts, à proximité des cours d'eau, et chassaient le bison à pied. Le résultat, aléatoire, n'était pas sans incidences sur la démographie et la taille des groupes. Au xvii siècle, d'autres peuples vivant dans les régions boisées autour des Grands Lacs se déplacèrent vers l'Ouest et les Plaines, sous la pression de tribus, elles-mêmes poussées par les Blancs qui intensifiaient leur présence sur le continent. Au moment de leur migration et au contact des tribus qui se trouvaient déjà là, les nouveaux venus firent l'acquisition du cheval, et abandonnèrent la sédentarité, la cueillette, le maïs pour tenter l'aventure des Plaines.
A partir de là, on assiste à une montée en puissance des cultures des Plaines et c'est l’image du cavalier indien qui demeure dans l'inconscient collectif occidental. La mobilité des tribus se trouva considérablement améliorée, et les populations augmentèrent sensiblement. Se constitua alors de manière profondément originale une société de cavaliers nomades, chasseurs et guerriers, basée sur l'échange et la réciprocité. Bien qu'appartenant à plusieurs groupes linguistiques, ils apprirent à vivre en étroite interdépendance, et en harmonie avec leur environnement. Au nord, se trouvent les Blackfeets, les Crées, les Gros Ventres, les Crows et les Assiniboines ; au sud, les Cheyennes, les Arapahos, les Shoshones, les Comanches et les Kiowas ; à l'est enfin, les sioux (Lakotas, Dakotas et Nakotas.)
La nature et les saisons règlent les temps forts de l'existence. L'hiver et le printemps, on vit en petites bandes, par groupes de quelques familles. L'été, des rassemblements importants sont l'occasion de célébrer des cérémonies, de chasser à grande échelle, de faire du troc, de mener des expéditions guerrières ou de conclure des alliances.
Avec le cheval s’offrent aux tribus de nouvelles possibilités pour accomplir plus vite de très longues distances. La chasse au bison et autre gibier prend une autre ampleur et les conflits séculaires entre tribus ou bandes s'intensifient de plus belle tant en quantité qu'en violence. Avec l'établissement de camps importants dans des endroits qui auparavant leur étaient quasiment inaccessibles, les Indiens trouvent alors de nouveaux partenaires commerciaux font du troc et nouent de nouvelles alliances et renversent les anciennes au gré des besoins et des intérêts immédiats. Avant le cheval, c'est le chien qui était utilisé comme animal de bat ; même si par la suite les Indiens s'en servir encore. C'est pourquoi dans les premiers temps de l'apparition du cheval celui-ci fut appelé le Chien Sacré. On prenait deux grandes perches dont leur extrémités étaient liées sur le dos du chien ou du cheval et les deux autres traînaient au sol. L'ensemble était relié sur la largeur par un morceau de bois d'environ un mètre attaché à l'aide de lien de cuir brut. On pouvait y mettre tout le matériel, peaux, sacs, aliments enveloppés, perches des tipis et dans certains cas des enfants ou des vieillards.
Toutes les tribus des Plaines adoptèrent un mode de vie encore plus nomadisant que lorsqu’elle devait suivent les troupeaux à pied. Cette nouvelle période eut pour conséquence d'homogénéiser les coutumes appelant par là des rites de même nature. L'interaction entre environnement et culture avait déjà depuis longtemps fait naître de nombreuses analogies dans la vie quotidienne matérielle et religieuse des Indiens.
Dans les années 1800, les Grandes Plaines étaient donc le territoire de chasseurs de bisons nomades
Les nomades déplaçaient leurs tipis pour suivre les migrations des immenses troupeaux, car leur mode de vie reposait entièrement sur l'animal. Même pour les peuples sédentaires, comme les Mandans et les Hidatsas, le bison représentait une importante source de nourriture et la base de matériaux utilisés dans la vie quotidienne. En quelque sorte, ils étaient tous des peuples du bison et leur perception du monde, ainsi que leur mythologie et leurs rituels, tournaient autour de la présence du grand animal. Peu d'animaux ont autant façonné les modes de vie d'un peuple que le bison des Indiens d'Amérique du Nord. Il figurait dans leurs légendes, leurs rituels, leurs tabous, leurs visions. Des cérémonies lui étaient dédiées et les Indiens l'honoraient vivant et mort. Les Indiens des Plaines considéraient le bison albinos, blanc, comme un animal sacré et ce fut une divinité à l'aspect physique changeante, soit femme, soit bison blanc, qui inculqua aux Sioux leurs plus importantes cérémonies. « Femme-Bison-Blanc » leur offrit l'objet le plus important de leur culte : la pipe cérémonielle, réalisée avec l'os du tibia d'un jeune bison. Quand elle quitta le peuple des humains, après leur avoir enseigné la pratique des rites sacrés, d'immenses troupeaux de bisons arrivèrent afin de fournir aux Indiens tout ce dont ils avaient besoin. Les peuples du bison connaissaient parfaitement les habitudes de ces animaux dont ils dépendaient. Les femmes, ayant observé le comportement attentionné et protecteur des femelles envers leurs petits, tenaient la femelle bison pour un modèle de qualité maternelle. Les Sioux, pour qui l'hospitalité était une vertu essentielle, la retrouvaient dans le comportement des bisons qui laissaient de petits oiseaux nicher dans la fourrure entre leurs cornes.
Ces observations influençaient, sous diverses expressions, les croyances et les rituels des Indiens. Ainsi le corps d'un défunt était-il enveloppé dans une peau de bison, symbolisant l'association de l'animal donneur de vie avec les éléments de l'univers, dont faisait aussi partie l'enveloppe charnelle du défunt. Dans les sept rites oglalas, le bison était omniprésent sous diverses formes ; ainsi, dans la cérémonie Inipi (purification dans une loge à sudation), l'esprit de l'animal était représenté par son crâne posé sur un autel. Lors de la danse du Soleil, la langue était rituellement consommée par tous les participants en l'honneur du bison, patron de la générosité et de l'hospitalité.
Du bison, autour duquel ils construisirent leur vie, les Indiens tiraient le maximum. Non seulement sa chair procurait les protéines vitales, mais chacune de ses parties était utilisée. Rien n'était gaspillé. Ainsi le chef Red Cloud (Nuage Rouge)regrettait de ne connaître que vingt-quatre façons d'utiliser les parties non consommées sur les quelque quatre vingt répertoriées parmi d'autres tribus : « Sa viande donnait la vie ; elle était coupée en lanières puis mise à sécher avant d'être découpée et enveloppée dans de la peau, ainsi que sa graisse ; tout cela utilisé pour les provisions d'hiver. Ses os procuraient des outils et des armes, son crâne était conservé comme une puissante médecine. Sa peau donnait des couvertures, des vêtements, le revêtement sur l'armature des embarcations, des cordes et des enveloppes pour nos habitations portables. Ses sabots produisaient de la colle, ses nerfs étaient utilisés pour les cordes des arcs ainsi que pour les lanières. »
Les peaux d'automne et d'hiver, à la fourrure dense, étaient tannées en conservant les poils et servaient à la confection de « robes » (sorte de couvertures portées sur le dos), de gants, de couvertures, de mocassins d'hiver. Celles d'été et de printemps étaient rasées et tannées pour faire des vêtements légers, des enveloppes de tipis, des sacs, des selles et autres harnachements pour les chevaux.. Non tanné, le cuir cru, apprêté par grattage et tonte de la fourrure, donnait un matériau très solide avec lequel se confectionnaient de nombreux articles comme des étuis à couteaux, des semelles de mocassins, des ceintures, des mortiers, des tambours, des contenants tels les parflèches. Il avait la faculté de rétrécir en séchant, ce qui permettait de lier étroitement tout type d'assemblage. Le cuir cru bouilli, traité à la vapeur ou enterré et chauffé par des braises, devenait en séchant extrêmement solide et rigide. Les boucliers faits avec ce matériau pouvaient contrer des flèches sans être percés et même parfois des balles.
Pièce indispensable de l'équipement du guerrier, le bouclier était aussi un de ses biens les plus précieux. Il possédait des pouvoirs magiques, inhérents aux décorations qui étaient appliquées généralement sur une peau de daim le recouvrant, mais aussi acquis lors de sa fabrication qui se faisait selon des rites précis. Les peintures ou autres décorations découlaient généralement de rêves ou de visions inspirés par des forces divines. Objets d'essence sacrée, de nombreux tabous concernaient la manipulation des boucliers en cuir cru. Le tambour des Indiens des Plaines, autre objet chargé de pouvoirs magiques, était aussi principalement fabriqué en cuir cru de bison. Comme les boucliers, il était décoré avec des peintures symboliques. La peau devenait aussi la toile sur laquelle se dessinaient les rêves et les exploits des guerriers ainsi que les archives historiques des tribus des Plaines.
Les teintes des peintures utilisées dérivaient de terres colorées ou des parties du bison. Les Blackfoots obtenaient du jaune avec les petites excroissances trouvées dans la vésicule biliaire et les Cheyennes préparaient un pigment noir en plongeant des braises dans du sang frais de bison. La peau et la viande une fois prélevées, toutes les autres parties du bison, des cornes aux viscères, étaient mises de côté pour être transformées en outils, instruments de cuisine ou de musique, armes ou jouets, bijoux ou cosmétiques. Avec les cornes, les Indiens confectionnaient des cuillères, des bols, des coiffes cérémonielles ; ils les utilisaient aussi dans la réalisation des arcs (Crows et Cheyennes, en particulier). Les panses devenaient des récipients à eau, des contenants alimentaires. Les os servaient à façonner des outils tranchants, des pointes de flèche, des aiguilles à coudre. Les sabots se transformaient non seulement en colle, mais servaient aussi de pendentifs ou de hochets. Avec la cervelle, la graisse et le foie, les Indiens obtenaient des agents tannants et du savon. Le côté rugueux de la langue faisait office de brosse à cheveux. La bouse sèche, quant à elle, servait de combustible, lorsque le bois était rare.
La guerre occupait une fonction aussi importante que la chasse. Elle avait une dimension symbolique évidente, car elle permetttait de faire preuve de bravoure et de gagner des honneurs. Les sociétés guerrières, sorte de fraternités, jouent un rôle capital dans l'organisation sociale des Indiens des Plaines. Toutes ces tribus avaient en commun une spiritualité fondée sur la quête de vision et organisée autour de la danse du Soleil, une cérémonie annuelle de la plus haute importance. La cosmogonie des Indiens des Plaines développe l'idée d'une relation harmonieuse entre les hommes, les animaux et leur environnement
tous placés sur un même plan. Cette vision holistique de l'univers implique la présence d'une force chez l'homme, mais aussi chez l'animal, la plante et les éléments. L'esprit est en toute chose et la terre elle-même est vivante.
Cette vision de la vie et du monde explique l'omniprésence d'une dimension spirituelle. Le sacré et le profane sont inséparables et, qu'il s'agisse de chasse, de guerre ou d'une quelconque activité individuelle ou collective, chaque chose trouve une traduction en rites, prières, et offrandes.
Si les Blancs influencent fortement le développement de cette culture par l'apport du cheval, comme par les mouvements de population qu'ils imposeront, ils joueront également un rôle actif à travers les négociants et les trappeurs qui, dès le xviii siècle, arriveront dans ces régions, en quête de fourrures. Leur présence continue entraînera des changements dans la culture matérielle des peuples des Plaines : en échange des peaux, ils offriront perles, couteaux, fusils, tissus, sucre ou café dont il sera vite difficile de se passer. Mais ils apporteront aussi des maladies qui s'avéreront fatales pour les populations, et des épidémies (variole, choléra, rougeole) réduiront les tribus dans de dramatiques proportions.
Après 1830, les Américains intensifient les mouvements de population en déplaçant de force à l'ouest du Mississippi les Indiens de l'Est et du Sud-Est. Les nouveaux arrivants devront s'adapter et recréer des conditions de vie pour leurs communautés, en se heurtant aux premiers occupants, dans la région couverte aujourd'hui par l'Oklahoma, le Kansas et le Texas.
Mais les problèmes naîtront vraiment en 1851 quand, pour la première fois, par le traité de Fort Laramie, le gouvernement américain imposera des frontières territoriales aux tribus des Plaines. Pendant les trente années qui suivront, les États-Unis n'auront de cesse de réduire, par traité, la taille des réserves, allant parfois jusqu'à contraindre plusieurs tribus - même ennemies - à partager un territoire. Dès le début, il parut impensable pour les Indiens de perdre leur liberté de mouvement. Quand ils ne purent plus faire autrement, ils combattirent et tentèrent désespérément de maintenir à l'écart de leurs terrains de chasse le chemin de fer, les mineurs, les colons et les chercheurs d'or. Le point culminant de cette résistance fut sans doute la défaite du 7e régiment de cavalerie à Little Big Horn où les Sioux et leurs alliés tuèrent le général Custer et deux cents de ses hommes. Mais celle-ci marquera aussi la fin d'une époque et, dès cette année 1876, le système des réserves devint une fatalité. Sans liberté de mouvement, et sans plus de bisons, exterminés par les chasseurs professionnels, la vie devint impossible et les militaires finirent par soumettre les Indiens, les assignant dans des réserves, où ils devinrent dépendants des rations de nourriture promises par les traités. Naquit alors, au sein de ces populations en proie à un profond désarroi, le mouvement messianique de la Danse des Esprits, qui promettait le retour à la vie
d'autrefois et la disparition des Blancs si les Indiens s'y livraient sans relâche. La crainte suscitée par cette croyance qui agitait les réserves entraîna l'intervention de l'armée et, fin 1890, eut pour dramatiques conséquences la mort de Sitting Bull et le massacre de Wounded Knee, terme douloureux d'une longue période de larmes et de sang. La Conquête de l'Ouest s'achevait.
Les agents du Bureau des Affaires indiennes eurent dès lors la haute main sur toutes choses et, de 1887 à 1934, entreprirent de combattre l'identité indienne par tous les moyens. Les cérémonies religieuses furent interdites, mais certaines continuèrent à se tenir dans la clandestinité (comme la danse du Soleil qui ne réapparut publiquement qu'au cours des années 1970). Il fut interdit de s'habiller et de se coiffer «à l'indienne», et de parler sa langue ancestrale. «Il faut tuer l'Indien pour sauver l'homme» répétait-on, c'est-à-dire imposer l'anglais, le christianisme et le mode de vie des Blancs. Missions et pensionnats se chargèrent d'éduquer les enfants, en leur inculquant les valeurs de la société américaine. Années de détresse, de pauvreté, de corruption qui auraient pu voir la disparition de la culture indienne. N'en est que plus remarquable le mouvement de renaissance, marqué par la création, en 1968, à Minneapolis de \'American Indian Movement (AIM). L'occupation de l'île d'Alcatraz, en 1969, puis l'occupation par les militants de l'AIM du site de Wounded Knee, en 1973, sur la réserve sioux de Pine Ridge. Ces évènements attirèrent l'attention de la communauté internationale sur le sort des Indiens en général et sur celui des tribus des Plaines en particulier, dont les réserves jouèrent dès lors un rôle de base culturelle pour les militants souvent issus des ghettos urbains.
Ces années ont été décisives dans la renaissance de l'identité indienne. Elles marquent autant le renouveau traditionnel que l'émergence d'une culture contemporaine qui investira peu à peu tous les champs de la création (littérature, musique, arts plastiques, etc.). Jamais, depuis plus d'un siècle, il n'y a eu autant de danses du Soleil organisées en terre indienne. Les pow-wows qui réunissent chaque année des dizaines de milliers de participants, danseurs et chanteurs, à travers les Grandes Plaines, se situent dans la droite ligne des rassemblements d'antan
Malgré tout ce qu'elle a enduré, malgré la pauvreté et l'isolement, la culture des Indiens des Plaines vit toujours
Après le massacre de wounded knee, mato sapa (ours noir )résumait cette histoire dans un cri désespéré
(( Je suis un Lakota de la bande des Bad Faces (de Red Cloud) des Oglalas.
« II y a bien des lunes de cela, le père de mon père a vu pour la première fois les Washichus (les blancs)Ils arrivèrent par petits groupes, puis de plus en plus nombreux. Bien avant leur venue, nos wichashas wakan(devins)avaient eu des visions de mauvais augure qui leur donnaient à comprendre que les Blancs sur nos terres annonçaient la fin du règne des Hommes Rouges. Les Blancs commencèrent à tuer, pour sa fourrure, notre gibier; en échange, ils nous apportaient des choses dont notre peuple, depuis, ne peut se passer : marmites, couteaux, haches, perles de couleurs et surtout le fusil, dont la possession donne tous les pouvoirs. « Nos guerriers, hantés par l'image du fusil, se lancèrent dans une course frénétique aux armes, qui devait provoquer une recrudescence des guerres tribales. Hélas, il nous fallait toujours fournir davantage de fourrures, en échange des bâtons de feu et le gibier, bientôt, décrût considérablement. Les visages pâles ont aussi apporté l'eau mystérieuse, le minne wakan, mauvaise médecine qui égare l'esprit de nos jeunes gens et les pousse à se battre entre eux. Ils sont capables du pire pour se le procurer et deviennent alors mauvais, voleurs, fourbes et menteurs; les Blancs amenaient aussi avec eux des maux pour lesquels nous n'avons pas de nom et qui ont enlevé tellement des nôtres! J'ai vu tout cela de mes yeux et j'en suis fort affligé. Mon cœur est triste quand je pense à notre peuple jadis puissant et fier, aujourd'hui pauvre et humilié. « Hechetu welo! Il en est ainsi!.....
« C'est à cette époque, j'ai bonne mémoire, que le ruban d'acier coupa la prairie, divisant en deux l'immense troupe des bisons. Complice des Blancs, le monstre en amenait de plus en plus, avec plein de soldats qui attaquaient nos frères et détruisaient nos villages. Des chasseurs tuaient nos bisons : d'abord pour se nourrir, plus tard pour tirer profit de leurs peaux mais, le plus souvent, par pur plaisir. Alors notre peuple, révolté, a entamé une lutte sans merci contre les envahisseurs; le bison, je te l'ai dit, est toute notre vie. Une vieille légende dit :
« Vous avez le bison pour vous nourrir et vous vêtir et le jour où le dernier disparaîtra, vous saurez que la fin du peuple est proche.
Cette prédiction, depuis, s'est réalisée. Le bison n'est plus et notre peuple n'est plus une nation,
Pour nous le cercle est sacré, notre tipi est rond ainsi que le campement, Le Cercle de notre Nation. Où que vous grimpiez, sur la plus haute montagne des Pahasapa vous pourrez voir le ciel rejoindre la terre à tous les points de l'horizon : Le Cercle du Monde. Le calumet sacré bourré du chanshasha (mélange de tabac et d’orme rouge) est l'autel de notre peuple. Nos jeunes gens, par grand malheur, ont oublié les traditions et notre nation périclite. Jamais elle ne retrouvera son antique vigueur. L'esprit de notre race n'est plus.
« Aujourd'hui je ne suis qu'un misérable vieillard, malade et aveugle. Je pleure en pensant à mon peuple. Chaque hiver le blizzard est plus froid et la faim tenaille toujours plus mes entrailles. Je sens la fin proche car le Peuple est hors du Cercle du Monde. Les jeunes ne respectent plus nos rites,
Tout est fini. How, Hechetu welo! C'est ainsi en vérité!
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