Cliquer sur les photos pour les agrandir!
Dans l'introduction à L'art africain, ouvrage dont il est coauteur avec Jacques Kerchache (inspirateur du musée du Qaui Branly)et Lucien Stéphan, Jean-Louis Paudrat pose en ces termes le problème de la légitimité de celui ci : «engagé irréversiblement dans un second destin depuis que, sous le regard des «Modernes», fut reconnue et proclamée sa dimension authentiquement créatrice, l'art africain devrait-il susciter quelques doutes quant à sa légitimité artistique, entretenir quelques soupçons quant à la validité des qualités dont nous l'investissons ?». et l’auteur de répondre : il est légitime de parler d’art africain.
En effet,, comme le souligne l’introduction ,au début de ce siècle les peintres cubistes, notamment Matisse et Picasso, se sont intéressés à ce qu'on appelait alors «art nègre»,. ils ne cherchaient cependant qu’à y trouver une solution à des problèmes plastiques : Matisse le problème de «l'expressivité de la ligne et de la composition» ; Picasso, celui de l'intégration de l'objet dans «l'espace de la toile» (Jean Laude,). Dans leur recherche plastique, ces peintres ignoraient sans doute que leur action serait décisive dans la reconnaissance, par les Occidentaux, de cet art qui fut aussi une source d'inspiration pour Gauguin, pionnier du "primitivisme" dans lequel il recherchait une certaine illumination créatrice. Pour ce dernier, en effet, Tahiti, Madagascar, la Dominique, autres aires culturelles, étaient des régions mystiques où existent la grande pensée, la religion, le symbolisme, traduits par l'art (Jean Laude,). L'intérêt des cubistes pour l'«art nègre» pourrait donc être considéré comme étant la première étape de sa reconnaissance, en Europe.
Cf mon article "Histoire d'une Rencontre"
Depuis, il est incontestable que l'art africain a une place dans le patrimoine culturel de l'humanité. Nul ne peut ignorer de nos jours l'existence des Musées nationaux consacrés à l'art africain dans les grandes capitales des pays européens, le quai branly en étant justement le tout récent exemple. Personne ne peut nier non plus l'existence de collectionneurs et d'un marché de l'art africain, objet d'une spéculation financière considérable à l’instar des autres marchés.
Le quai Branly présente par exemple dans un exposition esthétisante une reconstitution d’un autel lobi où figurent quelques oeuvres d’un sculpteur (Tyohepté palé) et provenant de son autel particulier. Après quelques lignes résumant le contexte de production des statues. le guide souligne sans plus de problématique que la variété des formes et des attitudes fait la richesse de la sculpture lobi.
Ainsi en cherchant à rapprocher le divin de soi, l'homme lobi a produit des statues, destinées à des pratiques cultuelles mais considérées en Occident comme étant de l'art comme c'est le cas de la sculpture africaine de façon générale.
Nous sommes loin évidemment et heureusement des « temps coloniaux et missionnaires » où Ces statues et autres objets de culte étaient immédiatement détruits parce que perçus comme des "fétiches",(objet fabriqué et non divin sens d’artificiel) voire des objets démoniaques.
Affirmer le caractère artistique des œuvres, ne devrait pas pourtant nous épargner de nous interroger sur, ce qui fonde l'appréciation des "objets" africains comme produits artistiques. Ce n'est pas parce que les statues africaines garnissent les galeries et musées européens que celles-ci peuvent être dites œuvres d'art. La reconnaissance pratique ne saurait être assimilée à une reconnaissance théorique. La légitimité ne peut consister simplement à être reconnue et proclamée par les "Modernes"» comme si la notion de création allait de soi, recouvrait toujours la même signification pour toutes les civilisations, à toutes les époques et comme si une proclamation de son existence dans un art suffisait à établir la légitimité de cet art.
Paradoxalement poser cette question et y répondre, devraient justement faire partie de la découverte et du respect de « l’« altérité » le véritable leitmotiv du musée du quai. .Simplement et pratiquement esthétiser les œuvres,c’est oublier les avertissements de M.Leiris fondateur de l’ethno-esthétique et pour qui pourtant l’art africain était un art parmi les autres :
« Dans une histoire de l'art on ne peut, il va de soi, s'en tenir à la considération des seuls objets [...] et les œuvres en question resteraient par ailleurs lettre morte si l'on ne donnait quelque idée des hommes qui le ont produites et de ce qu'ils avaient en tête.
Et plus encore, ce qu’écrit W.Benjamin de l’œuvre à « l’ère de sa reproductibilité » : À mesure que les œuvres d'art s'émancipent de leur usage rituel, les occasions deviennent plus nombreuses de les exposer. Un buste peut être envoyé ici ou là ; il est plus exposable par conséquent qu'une statue de dieu, qui a sa place assignée à l'intérieur d'un temple. [...]. Et s'il se peut qu'en principe une messe fut aussi exposable qu'une symphonie, la symphonie cependant est apparue en un temps ou l'on pouvait prévoir qu'elle deviendrait plus exposable que la messe.»
Avertissement et méthode à suivre, M. Leiris en trace la voie : interroger le contexte de production de la statuaire lobi.
Préciser toutes les références, tout le savoir vraiment anthropologique, voire géographique et qui informent sur l’origine d’un masque ou d’un objet : le culte, l’initiation,la parenté. Voir mon article « a propos du musée du quai Branly » qui en souligne les absences.
« Toutefois, la question de la valeur esthétique de l'objet dans son contexte originel doit être examinée, car on ne saurait sans égocentrisme le considérer comme "objet d'art" s'il n'était tel que pour nos propres regards"
"
.
Avez-vous des spécifications sur l'art africain de toute tribu? Je voudrai vous en faire une: Sur la vie au Mayombe. Le voulez-vous? L'art ici, les statues, en particulier, représentait et jusqu'ici les activités quotidiennes, les événements, les principautés du village et les divinités, sans compter les anneaux, les bracelets et autres.
A bientôt!
Sylvestre.
Rédigé par : NKANU | jeudi 01 nov 2007 à 10h47
Rédigé par : NKANU | jeudi 01 nov 2007 à 11h12